En Allemagne, le titre de docteur est un atout important pour la carrière, y compris dans le milieu politique. Seul le titre de professeur d'université permet de surclasser les docteurs. La valorisation de l'effort de longue durée et du cursus universitaire parfaitement achevé sont ainsi promus, recherchés et respectés.
En France, et la recherche en souffre, on rit au nez des docteurs : mieux vaut avoir fait une "grande école" en trois ans - elles sont il est vrai bien organisées, bien financées et bien équipées. Et leurs professeurs sont souvent majoritairement des docteurs !
Il est également vrai que le doctorat mériterait d'être repris en main ; on en est arrivé à ce que les universités suppriment les mentions que le jury peut décerner car les universitaires ne prennent pas leurs responsabilité et accordent à tout candidat la mention très honorable avec les félicitations du jury. Après cette dérive, nos collègues viennent expliquer que cette mention n'a aucune portée ou aucun crédit !
Au-delà de cet aspect, qui en vérité s'attache au mépris de ce grade/diplôme, il faudrait surtout que le doctorat soit reconnu par les recruteurs : en entreprise (voyez notre éditorial sur le crédit d'impôt recherche) et par l'Etat lui-même.
Il est facile de créer dans les concours publics une note spéciale pour récompenser les docteurs (notamment sur tous les concours d'ingénieurs) et il est facile de récompenser par au moins une prime annuelle les docteurs en entreprise ! Commençons par de petites reconnaissances, on verra après. Il est facile : si on le veut !
En tout cas, on ne peut pas écrire dans les textes que le doctorat est au sommet, qu'il concrétise un apport aux diverses sciences par la créativité de son auteur et faire comme si les docteurs n'existaient pas ! Cela suffit ! A peine doit-on nuancer car pour certaines disciplines, la thèse de doctorat ressemble alors à la dernière épreuve d'un long cursus : ceux qui seuls portent le titre de docteurs, les médecins, écrivent parfois leur thèse en quelques mois... comme un "simple" mémoire ?!
Dans le milieu on parle ainsi de "thèse d'exercice", c'est la formalité permettant de s'inscrire à un ordre et de pratiquer. Un comble !
C'est déjà en Allemagne, où l'on choisit par préférence des ministres qui sont docteurs parce que le titre de docteur est placé là où il doit être dans l'échelle des diplômes et grade universitaires, qu'un scandale a obligé, l'an dernier, le ministre de la défense à démissionner :
L'incroyable précédent de la démission d'un ministre
En France, après le doctorat, il existe encore un diplôme, l'habilitation à diriger les recherches (HDR) (1).
La contrefaçon, appelée "plagiat", est le fait de reprendre les structures, idées, articulations, phrases, termes... d'un ouvrage, et le fait de citer l'auteur copié n'efface pas l'infraction civile (à l'égard de l'auteur) et pénale (il y a une atteinte à l'ordre public). La recherche dans le milieu universitaire impose certes des reprises, mais il s'agit alors de citer minutieusement des passages pour poser le problème selon sa recherche propre et, ensuite, permettre une analyse.
Il se peut que la frontière soit difficile à faire dans un ouvrage scientifiques, mais la manière ne trompe pas : quand on résume les travaux d'une personne, on est amené à citer précisément ses apports, ses doutes et, finalement, on lui fait de la publicité qui semble totalement antinomique avec le plagiat. Celui qui contrefait cite souvent pour le principe et s'approprie les termes, plans et idées de l'autre sans davantage le citer ensuite.
La ministre allemande de l'éducation se trouve confrontée à des accusations de contrefaçon. Outre ce cas précis (cliquez sur le lien ci-dessous) , qui n'a pas donné lieu à une condamnation mais seulement à une enquête de presse, et qui n'appelle pas de condamnation de ce ministre, on retiendra ici la gravité de ce type d'affaire.
Et le grand public s'interrogera de façon plus pragmatique : que dirait le patient qui fait faire des analyses de sang à un docteur en biologie qui a obtenu frauduleusement sa thèse ? La correspondance peut être faite avec tout prestataire qui se dit docteur, ce qui suppose un certaine capacité d'investigation et d'approfondissement.
La nouvelle affaire allemande de contrefaçon
Une affaire de ministre et de plagiat a à peine retenu l'attention en France, Rama YADE n'était il est vrai plus ministre et la contrefaçon n'avait pas pour but d'obtenir un diplôme - et encore moins de doctorat. Cependant, quand on est censée porter un programme politique, copier un autre travail dans ces conditions aurait pu faire davantage scandale mais plagier, en France, ne met pas un terme à la carrière politique :
L'affaire Rama YADE, ou le droit de ne pas être exemplaire
On pourra relier cet événement à la question du "statut" de docteur, ou plutôt l'absence de statut que les ministres de la recherches tolèrent et à de prochains propos sur une nouvelle économie qu'il faut imaginer pour donner un avenir à l'Europe.
Affaire à suivre donc.
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(1) L'HDR permet d'être directeur de thèse ; ce titre permet également de diriger des mémoires de 3e cycle quand le master en question est considéré comme un "master recherche", ce qui est le cas de la plupart des masters ; en effet, le mémoire doit être soutenu devant deux universitaires HDR (obligation souvent méprisée ce qui pourrait amener à l'annulation des diplômes) et on imagine donc mal que le directeur de thèse ne soit pas lui-même docteur et "HDR". Dans la plupart des disciplines, l'HDR est le diplôme exigé pour, après avoir été maître de conférences, candidater à un poste de professeur des universités.
En France, et la recherche en souffre, on rit au nez des docteurs : mieux vaut avoir fait une "grande école" en trois ans - elles sont il est vrai bien organisées, bien financées et bien équipées. Et leurs professeurs sont souvent majoritairement des docteurs !
Il est également vrai que le doctorat mériterait d'être repris en main ; on en est arrivé à ce que les universités suppriment les mentions que le jury peut décerner car les universitaires ne prennent pas leurs responsabilité et accordent à tout candidat la mention très honorable avec les félicitations du jury. Après cette dérive, nos collègues viennent expliquer que cette mention n'a aucune portée ou aucun crédit !
Au-delà de cet aspect, qui en vérité s'attache au mépris de ce grade/diplôme, il faudrait surtout que le doctorat soit reconnu par les recruteurs : en entreprise (voyez notre éditorial sur le crédit d'impôt recherche) et par l'Etat lui-même.
Il est facile de créer dans les concours publics une note spéciale pour récompenser les docteurs (notamment sur tous les concours d'ingénieurs) et il est facile de récompenser par au moins une prime annuelle les docteurs en entreprise ! Commençons par de petites reconnaissances, on verra après. Il est facile : si on le veut !
En tout cas, on ne peut pas écrire dans les textes que le doctorat est au sommet, qu'il concrétise un apport aux diverses sciences par la créativité de son auteur et faire comme si les docteurs n'existaient pas ! Cela suffit ! A peine doit-on nuancer car pour certaines disciplines, la thèse de doctorat ressemble alors à la dernière épreuve d'un long cursus : ceux qui seuls portent le titre de docteurs, les médecins, écrivent parfois leur thèse en quelques mois... comme un "simple" mémoire ?!
Dans le milieu on parle ainsi de "thèse d'exercice", c'est la formalité permettant de s'inscrire à un ordre et de pratiquer. Un comble !
C'est déjà en Allemagne, où l'on choisit par préférence des ministres qui sont docteurs parce que le titre de docteur est placé là où il doit être dans l'échelle des diplômes et grade universitaires, qu'un scandale a obligé, l'an dernier, le ministre de la défense à démissionner :
L'incroyable précédent de la démission d'un ministre
En France, après le doctorat, il existe encore un diplôme, l'habilitation à diriger les recherches (HDR) (1).
La contrefaçon, appelée "plagiat", est le fait de reprendre les structures, idées, articulations, phrases, termes... d'un ouvrage, et le fait de citer l'auteur copié n'efface pas l'infraction civile (à l'égard de l'auteur) et pénale (il y a une atteinte à l'ordre public). La recherche dans le milieu universitaire impose certes des reprises, mais il s'agit alors de citer minutieusement des passages pour poser le problème selon sa recherche propre et, ensuite, permettre une analyse.
Il se peut que la frontière soit difficile à faire dans un ouvrage scientifiques, mais la manière ne trompe pas : quand on résume les travaux d'une personne, on est amené à citer précisément ses apports, ses doutes et, finalement, on lui fait de la publicité qui semble totalement antinomique avec le plagiat. Celui qui contrefait cite souvent pour le principe et s'approprie les termes, plans et idées de l'autre sans davantage le citer ensuite.
La ministre allemande de l'éducation se trouve confrontée à des accusations de contrefaçon. Outre ce cas précis (cliquez sur le lien ci-dessous) , qui n'a pas donné lieu à une condamnation mais seulement à une enquête de presse, et qui n'appelle pas de condamnation de ce ministre, on retiendra ici la gravité de ce type d'affaire.
Et le grand public s'interrogera de façon plus pragmatique : que dirait le patient qui fait faire des analyses de sang à un docteur en biologie qui a obtenu frauduleusement sa thèse ? La correspondance peut être faite avec tout prestataire qui se dit docteur, ce qui suppose un certaine capacité d'investigation et d'approfondissement.
La nouvelle affaire allemande de contrefaçon
Une affaire de ministre et de plagiat a à peine retenu l'attention en France, Rama YADE n'était il est vrai plus ministre et la contrefaçon n'avait pas pour but d'obtenir un diplôme - et encore moins de doctorat. Cependant, quand on est censée porter un programme politique, copier un autre travail dans ces conditions aurait pu faire davantage scandale mais plagier, en France, ne met pas un terme à la carrière politique :
L'affaire Rama YADE, ou le droit de ne pas être exemplaire
On pourra relier cet événement à la question du "statut" de docteur, ou plutôt l'absence de statut que les ministres de la recherches tolèrent et à de prochains propos sur une nouvelle économie qu'il faut imaginer pour donner un avenir à l'Europe.
Affaire à suivre donc.
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(1) L'HDR permet d'être directeur de thèse ; ce titre permet également de diriger des mémoires de 3e cycle quand le master en question est considéré comme un "master recherche", ce qui est le cas de la plupart des masters ; en effet, le mémoire doit être soutenu devant deux universitaires HDR (obligation souvent méprisée ce qui pourrait amener à l'annulation des diplômes) et on imagine donc mal que le directeur de thèse ne soit pas lui-même docteur et "HDR". Dans la plupart des disciplines, l'HDR est le diplôme exigé pour, après avoir été maître de conférences, candidater à un poste de professeur des universités.