Sacrifier les étudiants étrangers (francophones) par les tarifs d'inscription, ou bien oser parler à tous les étudiants



Sacrifier les étudiants étrangers (francophones) par les tarifs d'inscription, ou bien oser parler à tous les étudiants
Le discours de Grenoble d'Emmanuel MACRON sur l'enseignement supérieur pouvait inquiéter. Il avait dû convenir, en direct, ne pas comprendre les idées confuses d'une partie de son discours (pour oser cela, l'homme a du talent...). Le lieu même de Grenoble suggérait une continuité (les initiés comprendront) ce qui était un mauvais signe.

L'annonce récente de la multiplication des droits d'inscription des étudiants étrangers, par 10 ou par 13, d'un mois à l'autre (d'août à septembre 2019), est ahurissante.

Elle est d'une rare violence contre des faibles, de jeunes gens étrangers qui croient en la France, de la part de ministres qui, par ce seul fait, se montrent faibles.

On peut penser à une explication.

Comme ils n'osent pas augmenter les droits de tous les étudiants, ils s'en prennent à quelques étudiants étrangers, majoritairement des francophones.

Où est la francophonie dans cette affaire ?
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Ce projet de décret n'est pas regrettable pour le pays et n'est pas seulement une erreur ; en vérité, il est profondément blessant pour toute la communauté universitaire. Le sujet existe cependant. On doit l'évoquer avec courage mais un brin d'équilibre et de réalisme/

Payer plus, pourquoi pas ?! Mais payer plus de "10 fois plus", sans période d'adaptation, à nouveau, c'est blessant.

On sait le problème national qui existe. L'UNEF, notamment, n'est pas d'accord. Eh bien affrontons les étudiants de l'UNEF et quelques autres ! Un peu de courage. Ces étudiants ont toujours soutenu le Parti socialiste (lequel le leur a souvent bien rendu) qui n'a guère réussi : ils peuvent peut-être convenir qu'adapter leur politique ne serait pas une erreur. Il y a d'autres sujets à évoquer, notamment celui des associations d'étudiants qui doivent être reconnues, aidées (légèrement) et encouragées. Elles sont un corps intermédiaire qui fait défaut ou qui n'est pas organisé avec équité et clarté.

Pour revenir à cette question de droits d'inscription, pour moi, une politique acceptable, aurait été...

... celle qui, en premier lieu consiste à parler à tous ; malheureusement, il n'y a aucun discours sur le Supérieur, le sujet n'est même pas dans l'actualité ; or l'économie "informatique.4" exige de nombreux ingénieurs et docteurs dans tous les domaines, et il manque un statut honorable du doctorant et, désormais, avec ces nouveaux tarifs, on interdit de facto la fluidité internationale francophone ! Les anglais et les américains rient de nous voir tuer notre langue !

... celle qui, en second lieu, aurait visé un doublement des droits des étudiants de l'UE et, par exemple, un triplement des droits des étrangers - façon de marquer tout de même la différence nationale (qui est une réalité du droit... international, non ?). Je passe sur les adaptations sociales.

Cette augmentation est une urgence.

Les Universités ne peuvent pas boucler leurs budgets et l'Etat (qui en doutera ?) n'est pas en capacité d'investir. Il est pris dans des considérations confuses sur divers sujets. L'université doit plus amplement s'assumer : des ressources propres y contribueront - et sans privatiser, il leur faut pouvoir se financer (ce qui pose d'importants problèmes d'indépendance que la loi doit traiter).

Les Universités doivent être respectées et se faire respecter, elles doivent refuser d'être un distributeur de diplômes fermant les yeux sur des étudiants absents, désinvoltes, peu impliqués qui joue avec l'institution... Un tarif augmenté est une mesure de gestion humaine et pédagogique probablement indispensable. Elle aura cent fois plus d'effet que les mesures de pédagogie qu'on veut nous imposer.

On note que trop d'étudiants s'accommodent de diplômes de l'enseignement supérieur "à bon marché", aucune réforme ne sera possible sans un élan du côté des étudiants. Ils le savent quand ils sont nombreux à ne pas pouvoir écrire une copie de 4 pages en bon français. C'est connu puisqu'on réapprend officiellement le français aux étudiants, ce qui est anormal.

Il est ainsi temps que l'Université, dans l'unité, se détache d'un Etat qui l'asservit sans but clair, sinon que celui de la faire taire, alors que la Nation a besoin de voix libres, fortes, claires, audacieuses et jeunes... L'université doit se faire plus indépendante et cesser de répondre aux exigences éberluées de gouvernements qui, en réalité, n'ont aucune politique.

Elle doivent mieux se diriger sur les diplômes, sur la recherche et sur l'administration qui est trop lourde pour un apport aux enseignants qui est modeste.

La nation a besoin de ces jeunes pour la recherche, pour l'innovation, pour l'économie et pour le Savoir qui est l'une des rares voies d'épanouissement de l'être humain.

En foi de quoi, si on cesse de glousser en regardant le modèle américain et en croyant en la politique le mimant (une ministre a essayé cela...), on peut penser à un modèle propre à la France. Un modèle cohérent et fort. Imaginer ce modèle, qui sollicitera tout le monde, serait le cadre fondamental pour attaquer devant le juge administratif ce décret sur les tarifs étudiants ; en en voyant les inconvénients majeurs, il devrait... l'annuler ?









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Citation :
H. Causse, Sacrifier les étudiants étrangers (francophones) par les tarifs d'inscription ou oser parler à tous les étudiants, Direct Droit, Blog juridique, 5 décembre 2018.

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