
Tous les ignares patentés ont parlé cette semaine de Droit, de Droit pénal, de Droit processuel ou Droit judiciaire... et bien sûr de Droit constitutionnel.
La magistrature n'a pas été en reste.
Le Conseil supérieur de la magistrature a communiqué sur le "rendu du délibéré" (les étudiants parleront plus sobrement et exactement de "prononcé du jugement" ou du "jugement rendu"...) ; une haute magistrate a annoncé que les auteurs de menaces adressées à des magistrats étaient identifiés et qu'ils seraient condamnés sévèrement, sans autre forme de procès a-t-on pu se demander en l'entendant...
Certains journalistes ont dit que la fixation du calendrier judiciaire pour le procès d'appel signifiait le reniement de la peine d'inéligibilité... il fallait une grande imagination pour dire cela. Un appel complété par une date de procès d'appel ne dénient pas l'inéligibilité qui serait frappante si en juillet l'Assemblée nationale est dissoute appelant des élections, sans certains noms...
Dans ce fatras d'idées en l'air, de phrases mal faites et de propos incomplets et généralement partiaux, l'opinion publique a montré une résistance qui semble indiquer que l'on est bien en France, et non pas aux States ou en Hongrie.
Une majorité appréciable de Français semble appuyer la Justice ou, soyons plus précis, au moins ne pas approuver soit les attaques systématiques des juges ou d'un jugement, soit l'attaque systémique de l'institution judiciaire.
C'est probablement pour cette raison de l’État de droit, conçu il y a trois siècles ici en Europe, en Angleterre et en France, et non par la CEDH que si, si, j'avais eu à conseiller sur une stratégie judiciaire, je n'aurais pas incliné pour la stratégie de rupture susurrant avant le procès, et soutenant après le procès, le complot judiciaire et des juges. Certes 30 % des juges sont de gauche, mais 30 % sont de centre ou de droite, 30 % sont sans illusions politiques et 10 % se moquent de tout ce qui est politique.
En revanche, tous sont pour l'institution judiciaire, et une partie au procès a donc très rarement intérêt à la stratégie de rupture, quoiqu'elle ne soit ni interdite ni inconvenante. Mais il faut l'assumer. Il nous semble aussi que la stratégie judiciaire de rupture empêche de refaire confiance au juge, pièce du système que l'on critique, et encore plus de prétendre saisir le Conseil constitutionnel ou le Cour européenne des droits de l'homme, alors surtout qu'on la critique à l'année longue...
La stratégie judiciaire ne peut pas en outre être dépourvue de ce que j'appellerai un solide fond, soit la nécessité d'une stratégie juridique (et non plus judiciaire). On ne prend qu'un point, 4 ou 5 pourraient être cités. Je le déporte dans le temps pour me rappeler une position insupportable et vaine. Il me souvient la médiocrité de la défense de Chirac qui, pendant des années, a seriné l'idée creuse de l'absence d'un enrichissement personnel, laquelle n'est pas un élément juridique fondamental des diverses infractions généralement en cause, et même d'autres infractions (voler pour donner au pauvres c'est encore voler...). Voilà un exemple juridico-politique qui montrait la voie à ne pas suivre.
Et puis il y a plus encore pour rester dans l'aspect ou l'approche juridique : attaquer de front la Justice c'est finalement s'attaquer au droit, pardon, au Droit. C'est un peu s'attaquer à tous les juristes qui luttent contre la moindre petite clause abusive de contrat ou la moindre infraction.
Dans un pays de Droit, où les formations juridiques pèsent dans la société, ce n'est pas une bonne idée. L'affaire d'espèce des "Assistants du RN" le prouve : de nombreux prévenus ont une formation juridique...
Prendre de front (..) la Justice, le Droit et la Culture Juridique n'est vraiment pas une bonne idée. Ni juridique, ni judiciaire, ni politique.
Au plan politique, les condamnations ordinaires (2 ou 3 ans...) ne sont pas en France mortelles, les électeurs pardonnent et oublient. Un peu curieusement, mais c'est ainsi. Prendre aujourd'hui une peine ordinaire (après avoir admis une organisation d'une autre époque et montée par d'autres...), peine par exemple de 3 ans, était "absorbable" (et achevez la "dédiabolisation"...).
Tourner la page. Voilà l'idée qu'il y avait à plaider.
L'opposition de front au système judiciaire confirme surtout des fans et rétablit voire abaisse ou maintient le plafond de verre, outre l'argent ou les adhésions de ces jours. Cela ne va pas donner les 3 millions de voix qui manquent... L'affaire va trainer jusqu'à la veille présidentielle, au risque de ne pas pouvoir faire campagne pour à cause de bracelet électronique, sinon d'inéligibilité ?!
Le juriste observateur peut penser que @MLP_officiel a ainsi aujourd'hui perdu la présidentielle, mais rien n'est jamais joué, alors que nombreux étaient ceux qui la lui donnaient gagnée.
Le Droit, le Judiciaire, le Médiatique et le Politique exigent des stratégies coordonnées, bassement efficaces, la défense de principe ou les défenses de principe étant elles mortelles. Dans la plupart des partis politiques, des grandes entreprises ou des grandes organisations, on sait souvent mal coordonner les stratégies utiles à ces différents plans qui exigent une vue sur quelques années... cela tient en partie par la déconsidération paradoxale du juridique dans ces organismes.
Ah pauvre chose juridique que l'on veut toujours simplifier et réduire au micro à du "bon sens", alors que le bon sens occupe tous les juristes à chaque heure de la conception, de la compréhension ou de l'application de la règle : de la loi.
Bon, malgré ce contexte juridique troublé, je me sens en forme !
Il faudrait peut être que je remette la robe (noire).
La magistrature n'a pas été en reste.
Le Conseil supérieur de la magistrature a communiqué sur le "rendu du délibéré" (les étudiants parleront plus sobrement et exactement de "prononcé du jugement" ou du "jugement rendu"...) ; une haute magistrate a annoncé que les auteurs de menaces adressées à des magistrats étaient identifiés et qu'ils seraient condamnés sévèrement, sans autre forme de procès a-t-on pu se demander en l'entendant...
Certains journalistes ont dit que la fixation du calendrier judiciaire pour le procès d'appel signifiait le reniement de la peine d'inéligibilité... il fallait une grande imagination pour dire cela. Un appel complété par une date de procès d'appel ne dénient pas l'inéligibilité qui serait frappante si en juillet l'Assemblée nationale est dissoute appelant des élections, sans certains noms...
Dans ce fatras d'idées en l'air, de phrases mal faites et de propos incomplets et généralement partiaux, l'opinion publique a montré une résistance qui semble indiquer que l'on est bien en France, et non pas aux States ou en Hongrie.
Une majorité appréciable de Français semble appuyer la Justice ou, soyons plus précis, au moins ne pas approuver soit les attaques systématiques des juges ou d'un jugement, soit l'attaque systémique de l'institution judiciaire.
C'est probablement pour cette raison de l’État de droit, conçu il y a trois siècles ici en Europe, en Angleterre et en France, et non par la CEDH que si, si, j'avais eu à conseiller sur une stratégie judiciaire, je n'aurais pas incliné pour la stratégie de rupture susurrant avant le procès, et soutenant après le procès, le complot judiciaire et des juges. Certes 30 % des juges sont de gauche, mais 30 % sont de centre ou de droite, 30 % sont sans illusions politiques et 10 % se moquent de tout ce qui est politique.
En revanche, tous sont pour l'institution judiciaire, et une partie au procès a donc très rarement intérêt à la stratégie de rupture, quoiqu'elle ne soit ni interdite ni inconvenante. Mais il faut l'assumer. Il nous semble aussi que la stratégie judiciaire de rupture empêche de refaire confiance au juge, pièce du système que l'on critique, et encore plus de prétendre saisir le Conseil constitutionnel ou le Cour européenne des droits de l'homme, alors surtout qu'on la critique à l'année longue...
La stratégie judiciaire ne peut pas en outre être dépourvue de ce que j'appellerai un solide fond, soit la nécessité d'une stratégie juridique (et non plus judiciaire). On ne prend qu'un point, 4 ou 5 pourraient être cités. Je le déporte dans le temps pour me rappeler une position insupportable et vaine. Il me souvient la médiocrité de la défense de Chirac qui, pendant des années, a seriné l'idée creuse de l'absence d'un enrichissement personnel, laquelle n'est pas un élément juridique fondamental des diverses infractions généralement en cause, et même d'autres infractions (voler pour donner au pauvres c'est encore voler...). Voilà un exemple juridico-politique qui montrait la voie à ne pas suivre.
Et puis il y a plus encore pour rester dans l'aspect ou l'approche juridique : attaquer de front la Justice c'est finalement s'attaquer au droit, pardon, au Droit. C'est un peu s'attaquer à tous les juristes qui luttent contre la moindre petite clause abusive de contrat ou la moindre infraction.
Dans un pays de Droit, où les formations juridiques pèsent dans la société, ce n'est pas une bonne idée. L'affaire d'espèce des "Assistants du RN" le prouve : de nombreux prévenus ont une formation juridique...
Prendre de front (..) la Justice, le Droit et la Culture Juridique n'est vraiment pas une bonne idée. Ni juridique, ni judiciaire, ni politique.
Au plan politique, les condamnations ordinaires (2 ou 3 ans...) ne sont pas en France mortelles, les électeurs pardonnent et oublient. Un peu curieusement, mais c'est ainsi. Prendre aujourd'hui une peine ordinaire (après avoir admis une organisation d'une autre époque et montée par d'autres...), peine par exemple de 3 ans, était "absorbable" (et achevez la "dédiabolisation"...).
Tourner la page. Voilà l'idée qu'il y avait à plaider.
L'opposition de front au système judiciaire confirme surtout des fans et rétablit voire abaisse ou maintient le plafond de verre, outre l'argent ou les adhésions de ces jours. Cela ne va pas donner les 3 millions de voix qui manquent... L'affaire va trainer jusqu'à la veille présidentielle, au risque de ne pas pouvoir faire campagne pour à cause de bracelet électronique, sinon d'inéligibilité ?!
Le juriste observateur peut penser que @MLP_officiel a ainsi aujourd'hui perdu la présidentielle, mais rien n'est jamais joué, alors que nombreux étaient ceux qui la lui donnaient gagnée.
Le Droit, le Judiciaire, le Médiatique et le Politique exigent des stratégies coordonnées, bassement efficaces, la défense de principe ou les défenses de principe étant elles mortelles. Dans la plupart des partis politiques, des grandes entreprises ou des grandes organisations, on sait souvent mal coordonner les stratégies utiles à ces différents plans qui exigent une vue sur quelques années... cela tient en partie par la déconsidération paradoxale du juridique dans ces organismes.
Ah pauvre chose juridique que l'on veut toujours simplifier et réduire au micro à du "bon sens", alors que le bon sens occupe tous les juristes à chaque heure de la conception, de la compréhension ou de l'application de la règle : de la loi.
Bon, malgré ce contexte juridique troublé, je me sens en forme !
Il faudrait peut être que je remette la robe (noire).
