Les "gauches irréconciliables" ont été mises en scène par "les primaires". Si l'on en croit l'esprit qu'elles imposent, et dans lequel elles sont faites, les grands partis (forts diminués) les présenteraient volontiers comme un appendice constitutionnel. Serait-on à forger une tradition constitutionnelle ?
Les primaires ont l'avantage de lancer le débat avant le débat ; c'est précieux puisque les partis politiques sont devenus des ruelles sombres où l'on se trucide, pour des questions personnelles, au lieu de trouver des idées pour le pays. Elles ont du coup et aussi l'avantage de voir qui a l'envergure, la carrure, les idées et qui ne les a pas.
Ainsi devais-je étonner mes interlocuteurs quand je leur annonçais, en début décembre, que Benoît HAMON serait la surprise de cette primaire. A force de juger les écrits, les esprits, les paroles, les voix... on devine qui a la profondeur de tenir le coup, d'éviter les coups, d'administrer quelques coups. Sauf accident... si vite arrivé !
Marginalement, avant le premier tour de la présidentielle, les primaires suscitent des défiances. Ainsi, le petit Parti radical de gauche vient d'exploser : de multiples élus et responsables, ne pouvant assumer la candidature de leur présidente ni celle de Manuel VALLS, ont décidé de faire l'école buissonnière du côté d'Emmanuel MACRON. Entre l'autoritarisme retapé et un gauchisme customisé, un esprit de centre gauche a toute raison, il est vrai, de se vouer à Saint Emmanuel.
De façon curieuse, les primaires arrivent à l'exact contraire de ce pour quoi elles sont faites, à savoir l'union des esprits et des forces, l'union sur un nom et une voie (une voix aussi).
Les primaires divisent.
Et elles unissent de façon artificielle.
On l'a vu avec l'amertume du camp d'Alain JUPPE qui, à elle seule, a dissipé tous les profits d'une magnifique primaire de droite. Au lieu de s'unir sur F. FILLON, la droite s'est divisée.
Sur la doctrine ? Non, pas véritablement, mais plutôt sur qui doit être casé où, qui doit porter quel titre. Quand on pense que c'est de Gaulle qui a stigmatisé le comportement des partis politiques... ses héritiers n'en ont manifestement rien retenu. La course aux vanités perdure.
Voilà presque des droites irréconciliables.
La primaire de gauche, elle aussi, désunit. Elle confirme voire amplifie la fracture au sein du PS, la gauche étant déjà divisé, voilà qui est un luxe.
Il y a bien deux gauches irréconciliables, peut-être trois. On tient à part les révolutionnaires (1 à 3 % des suffrages).
La leçon est magistrale. Les partis qui ne traitent pas leurs divisions et ne fixent pas leur doctrine, en interne, ne peuvent pas le faire en externe. On ne peut pas réformer le Parti socialiste depuis l'Elysée. On ne le peut pas non plus depuis Matignon. On ne le peut même pas avec des primaires.
Ah, décidemment, rien ne vaut un bon vieux parti politique. Un vrai, et non un appareil pour faire carrière et accueillir une flopée de "cadres" (?) aux métiers incertains et compétences obscures. Un parti où l'on discute politique et où, sur ce point et lui seul, on désigne la voix la plus forte pour diriger le parti, et donc aller à la présidentielle.
Et là-dessus je n'ignore pas les "réseaux sociaux" qui doivent être un outil pour la conquête du pouvoir du parti.
Il y a donc deux ou trois gauches irréconciliables. Il y a deux droites irréconciliables. Il y a deux radicalismes irréconciliables. Il y avait depuis longtemps deux communismes irréconciliables. Si je ne me trompe pas, seule l'extrême droite ne se divise pas mais, elle, semble irréconciliable avec tous les autres !
Enfin, gauche et droite sont aussi irréconciliables.
La gauche déteste la droite.
La droite vomit la gauche.
Sans réaliser qu'à chaque élection environ 15 % de l'électorat change son vote.
Voilà, le pays est celui des Frances irréconciliables.
On peut dire que je suis pessimiste, mais je ne suis que lucide. A voir le fait. Les faits. L'intérêt de la chose est très pratique. Un pays divisé est un pays affaibli, condamné au surplace, aux querelles gauloises qui se discrédite aux plans européen et international.
Ces fractures formelles sont dues au fond : le bipartisme ne convient pas à la France qui a une tradition politique subtile, avec souvent pas moins de quatre courants politique majeurs. C'est une erreur d'énarque que de créer une structure commune l'UMP misant sur un bipartisme.
Les différences existent, il faut les laisser vivre en les canalisant, et non les canaliser pour les faire mourir.
Les primaires ont un bilan médiocre. Elles ne sont pas prêtes à rentrer dans le droit constitutionnel français par le canal de la tradition constitutionnelle (ou coutume ?). Elles peuvent être une tradition républicaine (tradition qui cède devant une simple loi ; on connaît la jurisprudence du Conseil constitutionnel : " la tradition républicaine ne saurait être utilement invoquée pour soutenir qu'un texte législatif qui la contredit serait contraire à la Constitution qu'autant que cette tradition aurait donné naissance à un principe fondamental reconnu par les lois de la République au sens de l'alinéa premier du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946").
Que va-t-il se passer ? Pour vous, pour nous tous ?
Eh bien nous risquons d'être livrés à une belle pagaille. Pagaille politique. Pagaille électorale. Pagaille de la représentation nationale.
Il est envisageable qu'aucun mouvement ou parti ne dispose de la majorité à l'Assemblée en juin 2017.
N'allait pas dire cela aux agences de notation qui, si elles nous dégradent encore, risquent de nous pousser à la faillite...
Un mouvement pourra-t-il dominer les "Frances irréconciliables" ?
Un peu de sagesse peut-il survenir ?
Un peu d'union peut-il advenir ?
-------------
Un étude sur les primaires et le droit constitutionnel,
Vers Le Petit Juriste, article de JP NOVELLI
Les primaires ont l'avantage de lancer le débat avant le débat ; c'est précieux puisque les partis politiques sont devenus des ruelles sombres où l'on se trucide, pour des questions personnelles, au lieu de trouver des idées pour le pays. Elles ont du coup et aussi l'avantage de voir qui a l'envergure, la carrure, les idées et qui ne les a pas.
Ainsi devais-je étonner mes interlocuteurs quand je leur annonçais, en début décembre, que Benoît HAMON serait la surprise de cette primaire. A force de juger les écrits, les esprits, les paroles, les voix... on devine qui a la profondeur de tenir le coup, d'éviter les coups, d'administrer quelques coups. Sauf accident... si vite arrivé !
Marginalement, avant le premier tour de la présidentielle, les primaires suscitent des défiances. Ainsi, le petit Parti radical de gauche vient d'exploser : de multiples élus et responsables, ne pouvant assumer la candidature de leur présidente ni celle de Manuel VALLS, ont décidé de faire l'école buissonnière du côté d'Emmanuel MACRON. Entre l'autoritarisme retapé et un gauchisme customisé, un esprit de centre gauche a toute raison, il est vrai, de se vouer à Saint Emmanuel.
De façon curieuse, les primaires arrivent à l'exact contraire de ce pour quoi elles sont faites, à savoir l'union des esprits et des forces, l'union sur un nom et une voie (une voix aussi).
Les primaires divisent.
Et elles unissent de façon artificielle.
On l'a vu avec l'amertume du camp d'Alain JUPPE qui, à elle seule, a dissipé tous les profits d'une magnifique primaire de droite. Au lieu de s'unir sur F. FILLON, la droite s'est divisée.
Sur la doctrine ? Non, pas véritablement, mais plutôt sur qui doit être casé où, qui doit porter quel titre. Quand on pense que c'est de Gaulle qui a stigmatisé le comportement des partis politiques... ses héritiers n'en ont manifestement rien retenu. La course aux vanités perdure.
Voilà presque des droites irréconciliables.
La primaire de gauche, elle aussi, désunit. Elle confirme voire amplifie la fracture au sein du PS, la gauche étant déjà divisé, voilà qui est un luxe.
Il y a bien deux gauches irréconciliables, peut-être trois. On tient à part les révolutionnaires (1 à 3 % des suffrages).
La leçon est magistrale. Les partis qui ne traitent pas leurs divisions et ne fixent pas leur doctrine, en interne, ne peuvent pas le faire en externe. On ne peut pas réformer le Parti socialiste depuis l'Elysée. On ne le peut pas non plus depuis Matignon. On ne le peut même pas avec des primaires.
Ah, décidemment, rien ne vaut un bon vieux parti politique. Un vrai, et non un appareil pour faire carrière et accueillir une flopée de "cadres" (?) aux métiers incertains et compétences obscures. Un parti où l'on discute politique et où, sur ce point et lui seul, on désigne la voix la plus forte pour diriger le parti, et donc aller à la présidentielle.
Et là-dessus je n'ignore pas les "réseaux sociaux" qui doivent être un outil pour la conquête du pouvoir du parti.
Il y a donc deux ou trois gauches irréconciliables. Il y a deux droites irréconciliables. Il y a deux radicalismes irréconciliables. Il y avait depuis longtemps deux communismes irréconciliables. Si je ne me trompe pas, seule l'extrême droite ne se divise pas mais, elle, semble irréconciliable avec tous les autres !
Enfin, gauche et droite sont aussi irréconciliables.
La gauche déteste la droite.
La droite vomit la gauche.
Sans réaliser qu'à chaque élection environ 15 % de l'électorat change son vote.
Voilà, le pays est celui des Frances irréconciliables.
On peut dire que je suis pessimiste, mais je ne suis que lucide. A voir le fait. Les faits. L'intérêt de la chose est très pratique. Un pays divisé est un pays affaibli, condamné au surplace, aux querelles gauloises qui se discrédite aux plans européen et international.
Ces fractures formelles sont dues au fond : le bipartisme ne convient pas à la France qui a une tradition politique subtile, avec souvent pas moins de quatre courants politique majeurs. C'est une erreur d'énarque que de créer une structure commune l'UMP misant sur un bipartisme.
Les différences existent, il faut les laisser vivre en les canalisant, et non les canaliser pour les faire mourir.
Les primaires ont un bilan médiocre. Elles ne sont pas prêtes à rentrer dans le droit constitutionnel français par le canal de la tradition constitutionnelle (ou coutume ?). Elles peuvent être une tradition républicaine (tradition qui cède devant une simple loi ; on connaît la jurisprudence du Conseil constitutionnel : " la tradition républicaine ne saurait être utilement invoquée pour soutenir qu'un texte législatif qui la contredit serait contraire à la Constitution qu'autant que cette tradition aurait donné naissance à un principe fondamental reconnu par les lois de la République au sens de l'alinéa premier du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946").
Que va-t-il se passer ? Pour vous, pour nous tous ?
Eh bien nous risquons d'être livrés à une belle pagaille. Pagaille politique. Pagaille électorale. Pagaille de la représentation nationale.
Il est envisageable qu'aucun mouvement ou parti ne dispose de la majorité à l'Assemblée en juin 2017.
N'allait pas dire cela aux agences de notation qui, si elles nous dégradent encore, risquent de nous pousser à la faillite...
Un mouvement pourra-t-il dominer les "Frances irréconciliables" ?
Un peu de sagesse peut-il survenir ?
Un peu d'union peut-il advenir ?
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Un étude sur les primaires et le droit constitutionnel,
Vers Le Petit Juriste, article de JP NOVELLI