A défaut de s'emparer de la SFEF, diverses grandes entreprises (Veolia, Danone, Michelin, GDF et quelques belles autres européennes voire américaines...) tentent de créer leur banque pour se financer pour accéder à tous les marchés. De la crise financière à la révolte des industriels !? Certains penseront qu'il était temps. Les industriels peuvent en avoir marre des frasques des banquiers, d'un système financier qui est incapable de les aider alors que sur 25 ans, toutes les réformes voulues ont été votées. Les financiers doivent redorer leur blason.
Ils sont chers, incertains et maintenant carrément dangereux : confiez leur un système financier, soit une mécanique de financement des l'économie (Entreprises et Consommateurs) et ils sont capables de tout casser. C'est probablement ce que pensent, aussi directement, quelques centaines d'industriels de taille internationale. Ils se disent que la crise financière peut se reproduire et que, cette fois, le système financier peut être détruit dans sa majeure partie. Dans les deux cas, les entreprises, et notamment les grandes entreprises, ont probablement raison de s'affranchir du relai bancaire qui apparaît au pire dangereux, au mieux risqué et peu efficace.
En effet, depuis 2007, ces industriels ne peuvent plus facilement se financer. La crise financière a successivement frappé tous les compartiments du marche des capitaux. Impossible de lever, directement ou avec l'assistance des banquiers, voire directement auprès d'eux, les fonds utiles au développement des projets industriels. Pour le financement bancaire des grandes entreprises, environ 60 % du financement, la difficulté aura été évidente. Le mauvais état financier des banques les a amenées à davantage gérer leur bilan que prêter à leur client. On doutera au passage que pour les grandes entreprises la "Misssion RICOL de médiateur du crédit" ait eu quelque objet...
Face à ce risque financier, certains industriels ont pensé devenir maîtres de la Société de Financement de l'Economie Française. Cette structure avait pour objectif, au sommet de la crise, d'inventer 265 milliards d'euros de financement, soit jouer un rôle de prêteur en dernier ressort car les banques ne se faisaient plus confiance entre elles. La SFEF se finance par émissions d'obligations garanties par l'Etat, elle trouve donc des fonds. Elle peut ensuite prêter à ses participants, banquiers en manque de financement.
Le projet de reprise n'a pas plus, les banquiers qui participent à la SFFE, en tant qu'actionnaires, s'y sont opposés. Cela aurait été trop beau ! Voir les industriels s'emparer d'une structure déjà vue comme anti-crise financière, capable de financer les grandes entreprises, c'était priver les grandes entreprises de juteuses affaires avec ces mêmes entreprises. D'autant plus que la SFEF est entourée de l'aura d'un certain intérêt général ou public. Les banquiers ne se tiraient pas une balle dans le pied, mais dans la tête, ce qui pour un grand corps malade n'aurait pas été bon.
A défaut de s'emparer de la SFEF, ces grandes entreprises tentent de créer leur banque pour accéder au marché monétaire (A. DRIF, Course contre la montre pour le projet de banque des grandes entreprises, Les Echos, 5 oct; 2010, p. 31). Toutefois, depuis le plus haut de la crise, les marchés fonctionnent à nouveau (avec des intérêts bas) et le projet a naturellement perdu de son intérêt immédiat. En tout cas, le projet montre que les banquiers vont avoir du mal pour redorer leur blason.
On va donc voir si, dans les six mois à venir, les grandes entreprises sont capables de gérer le risque et tout de même capable de créer leur banque. Ici aussi, une bonne politique financière doit être contra-cyclique. Un projet à tel niveau implique au moins cinq dimensions :
- la dimension financière qui est la logique d'accéder à tous les compartiments du marché des capitaux, dont le pur marché monétaire de la banque centrale ;
- la dimension politique car les banquiers ne souffrent pas la concurrence même s'ils en font souvent à leur meilleur client (en prenant des participations chez leur concurrent qui ne sont pas loin de la déloyauté commerciale), et ce au risque des déposants, à la barbe des autorités et au mépris de leurs clients ;
- la dimension politique parce que le gouvernement surveillera ce projet de peur qu'il ne fasse trop concurrence aux banques classiques puisque les banques coopératives sont aujourd'hui maîtrisées par les banquiers capitalistes ;
- la dimension internationale parce que voilà bien un modèle, une structure quasiment fédérative ou coopérative au profit du financement des entreprises, dont on se demande comment les émissions pourraient être garanties, en cas de crise, avec une garantie qui ne soit pas vue comme une aide d'ETAT interdite ;
- la dimension managériale puisqu'il faut une équipe qui soit "plus de l'entreprise que de la banque" pour que cette nouvelle banque fédérative (j'ai son nom) ne devienne pas devenir un nouveau prédateur financier faisant n'importe quoi et oubliant le financement des entreprises, ce qui peut poser de belles questions juridiques.
Autant dire que l'article d'Anne DRIF, précité, intéresse beaucoup de monde et du beau monde...
Ils sont chers, incertains et maintenant carrément dangereux : confiez leur un système financier, soit une mécanique de financement des l'économie (Entreprises et Consommateurs) et ils sont capables de tout casser. C'est probablement ce que pensent, aussi directement, quelques centaines d'industriels de taille internationale. Ils se disent que la crise financière peut se reproduire et que, cette fois, le système financier peut être détruit dans sa majeure partie. Dans les deux cas, les entreprises, et notamment les grandes entreprises, ont probablement raison de s'affranchir du relai bancaire qui apparaît au pire dangereux, au mieux risqué et peu efficace.
En effet, depuis 2007, ces industriels ne peuvent plus facilement se financer. La crise financière a successivement frappé tous les compartiments du marche des capitaux. Impossible de lever, directement ou avec l'assistance des banquiers, voire directement auprès d'eux, les fonds utiles au développement des projets industriels. Pour le financement bancaire des grandes entreprises, environ 60 % du financement, la difficulté aura été évidente. Le mauvais état financier des banques les a amenées à davantage gérer leur bilan que prêter à leur client. On doutera au passage que pour les grandes entreprises la "Misssion RICOL de médiateur du crédit" ait eu quelque objet...
Face à ce risque financier, certains industriels ont pensé devenir maîtres de la Société de Financement de l'Economie Française. Cette structure avait pour objectif, au sommet de la crise, d'inventer 265 milliards d'euros de financement, soit jouer un rôle de prêteur en dernier ressort car les banques ne se faisaient plus confiance entre elles. La SFEF se finance par émissions d'obligations garanties par l'Etat, elle trouve donc des fonds. Elle peut ensuite prêter à ses participants, banquiers en manque de financement.
Le projet de reprise n'a pas plus, les banquiers qui participent à la SFFE, en tant qu'actionnaires, s'y sont opposés. Cela aurait été trop beau ! Voir les industriels s'emparer d'une structure déjà vue comme anti-crise financière, capable de financer les grandes entreprises, c'était priver les grandes entreprises de juteuses affaires avec ces mêmes entreprises. D'autant plus que la SFEF est entourée de l'aura d'un certain intérêt général ou public. Les banquiers ne se tiraient pas une balle dans le pied, mais dans la tête, ce qui pour un grand corps malade n'aurait pas été bon.
A défaut de s'emparer de la SFEF, ces grandes entreprises tentent de créer leur banque pour accéder au marché monétaire (A. DRIF, Course contre la montre pour le projet de banque des grandes entreprises, Les Echos, 5 oct; 2010, p. 31). Toutefois, depuis le plus haut de la crise, les marchés fonctionnent à nouveau (avec des intérêts bas) et le projet a naturellement perdu de son intérêt immédiat. En tout cas, le projet montre que les banquiers vont avoir du mal pour redorer leur blason.
On va donc voir si, dans les six mois à venir, les grandes entreprises sont capables de gérer le risque et tout de même capable de créer leur banque. Ici aussi, une bonne politique financière doit être contra-cyclique. Un projet à tel niveau implique au moins cinq dimensions :
- la dimension financière qui est la logique d'accéder à tous les compartiments du marché des capitaux, dont le pur marché monétaire de la banque centrale ;
- la dimension politique car les banquiers ne souffrent pas la concurrence même s'ils en font souvent à leur meilleur client (en prenant des participations chez leur concurrent qui ne sont pas loin de la déloyauté commerciale), et ce au risque des déposants, à la barbe des autorités et au mépris de leurs clients ;
- la dimension politique parce que le gouvernement surveillera ce projet de peur qu'il ne fasse trop concurrence aux banques classiques puisque les banques coopératives sont aujourd'hui maîtrisées par les banquiers capitalistes ;
- la dimension internationale parce que voilà bien un modèle, une structure quasiment fédérative ou coopérative au profit du financement des entreprises, dont on se demande comment les émissions pourraient être garanties, en cas de crise, avec une garantie qui ne soit pas vue comme une aide d'ETAT interdite ;
- la dimension managériale puisqu'il faut une équipe qui soit "plus de l'entreprise que de la banque" pour que cette nouvelle banque fédérative (j'ai son nom) ne devienne pas devenir un nouveau prédateur financier faisant n'importe quoi et oubliant le financement des entreprises, ce qui peut poser de belles questions juridiques.
Autant dire que l'article d'Anne DRIF, précité, intéresse beaucoup de monde et du beau monde...