Un bon TD est fait par les étudiants, l'intervenant, quel que soit son titre, ne doit pas tirer une charrette d'individus passifs. Les étudiants par le jeu des questions / réponses, ou objections et contradictions, doivent trouver le chemin de la solution. Voilà qui évoque simplement ce que l'on appelle, parfois bouffi de morve et d'orgueil, "l'intelligence collective".
Le TD a toujours permis à l'intelligence collective de fonctionner, l'expression n'existait pas, la pratique oui. Il faut le souligner parce que des théoriciens de la pédagogie pourraient un jour recommander de supprimer les TD au nom de cela même qui les constitue ! La panique serait administrative et cognitive et, dix ans après, on rétablirait les TD.
On peut aussi voir dans cette forme d'intelligence de groupe un aspect de ce que certains voudraient instituer en une matière, à savoir "l'intelligence juridique" - il va être intéressant de lire les considérations épistémologiques attestant de ladite matière. En effet, la multiplication des questions et des sources, des vues, des opinions, des préoccupations... conduit durant un TD à une effervescence intellectuelle et méthodologique. Cela a toujours existé, sauf avec les mauvais intervenants qui ne savent que distiller unilatéralement et souvent des stéréotypes (montrer des transitions qui ne font que répéter ; abuser du latin sans citer la règle positive ; exiger le syllogisme qui n'a pas sa place, se crisper 15 minutes sur stipuler / disposer, ordonner de reproduire au mépris de la richesse du style "en l'espèce", ou des choses de ce genre...).
Tout bon conseil (méthodologique) peut tourner en obsession et en une rigidité qui est, au fond, une crise d'identité mal placée - la planète juridique souffre parfois de ce mal.
Plus simplement, il convient de répéter que ce sont les étudiants qui, par leur travail et leur implication, par leur jeunesse et leurs frêles certitudes, par leur enthousiasme et leur confondante naïveté, ce dont tout réuni ils conviennent, font un TD. Car ils se corrigent entre eux, et celui qui subit la supériorité de quelques-uns n'en est que plus riche. Cet enseignement est une sorte de classe inversée, celle dont on nous rebat les oreilles, elle doit être une classe renversée.
Le TD doit ne pas être un "cours" du "prof", mais un moment intellectuel pour tous. Un moment où la somme des connaissances produites exige, par saturation, évidence et déduction, le tri de ce fatras donnant, par sélection, la réalité pertinente (en droit, la règle juridique pertinente, son sens, et ou le sens du texte qui la renferme).
Le tri des connaissance fait, reste à ordonner et là, ça recommence. Les idées se percutent, les impasses font rebrousser chemin, les voies proche du vide sont évitées, les chemin sinueux délaissés, on cherche des avenues claires de parallélisme.
Une synthèse se forme.
Le plan surgit du fond (tiré du seul sujet !). Il devient surface. Et comme les eaux de la surface des mers, il est déjà de l'eau comme le fond : le plan c'est le fond qui remonte à la surface. Il n'est pas un pur fruit détaché des faits et des règles ou lois, du cas, de l'espèce, il est le cas en synthèse : une sorte d'évidence, de clarté. Il n'est pas un fruit de la méthodologie qui serait une science détachée de la matière, croyance qui fait rechercher le plan comme une chose autre que le sujet, une sorte de Graal.
Le maître du TD donne des coups de barre à droite, à gauche, ou laisse filer droit. Dans le TD idéal, sauf les deux ou trois questions initiales qui lancent le débat, il ne dit presque plus rien, sauf de montrer le sens du vent, le courant contraire que seul l'amateur reconnaît à la frise de l'eau, le nuage violet qui fait danser un danger et, avec lui, les étudiants apprennent cela, ces détails : ils comprennent.
Le maître du TD peut se métamorphoser en scribe qui note les idées au tableau, puis esquisse sur ordre la solution, le plan du travail à faire. Par lui mais à travers lui, les étudiants trouvent. Ils s'informent entre eux, ils se forment. Ce faisant, ils ne sont pas des consommateurs. Ils sont acteurs. Ils marchent, en droit, vers cette qualité très appréciée quoiqu'elle ne soit pas en soi seule un métier : ils deviennent juristes.
...
à suivre.
Le TD a toujours permis à l'intelligence collective de fonctionner, l'expression n'existait pas, la pratique oui. Il faut le souligner parce que des théoriciens de la pédagogie pourraient un jour recommander de supprimer les TD au nom de cela même qui les constitue ! La panique serait administrative et cognitive et, dix ans après, on rétablirait les TD.
On peut aussi voir dans cette forme d'intelligence de groupe un aspect de ce que certains voudraient instituer en une matière, à savoir "l'intelligence juridique" - il va être intéressant de lire les considérations épistémologiques attestant de ladite matière. En effet, la multiplication des questions et des sources, des vues, des opinions, des préoccupations... conduit durant un TD à une effervescence intellectuelle et méthodologique. Cela a toujours existé, sauf avec les mauvais intervenants qui ne savent que distiller unilatéralement et souvent des stéréotypes (montrer des transitions qui ne font que répéter ; abuser du latin sans citer la règle positive ; exiger le syllogisme qui n'a pas sa place, se crisper 15 minutes sur stipuler / disposer, ordonner de reproduire au mépris de la richesse du style "en l'espèce", ou des choses de ce genre...).
Tout bon conseil (méthodologique) peut tourner en obsession et en une rigidité qui est, au fond, une crise d'identité mal placée - la planète juridique souffre parfois de ce mal.
Plus simplement, il convient de répéter que ce sont les étudiants qui, par leur travail et leur implication, par leur jeunesse et leurs frêles certitudes, par leur enthousiasme et leur confondante naïveté, ce dont tout réuni ils conviennent, font un TD. Car ils se corrigent entre eux, et celui qui subit la supériorité de quelques-uns n'en est que plus riche. Cet enseignement est une sorte de classe inversée, celle dont on nous rebat les oreilles, elle doit être une classe renversée.
Le TD doit ne pas être un "cours" du "prof", mais un moment intellectuel pour tous. Un moment où la somme des connaissances produites exige, par saturation, évidence et déduction, le tri de ce fatras donnant, par sélection, la réalité pertinente (en droit, la règle juridique pertinente, son sens, et ou le sens du texte qui la renferme).
Le tri des connaissance fait, reste à ordonner et là, ça recommence. Les idées se percutent, les impasses font rebrousser chemin, les voies proche du vide sont évitées, les chemin sinueux délaissés, on cherche des avenues claires de parallélisme.
Une synthèse se forme.
Le plan surgit du fond (tiré du seul sujet !). Il devient surface. Et comme les eaux de la surface des mers, il est déjà de l'eau comme le fond : le plan c'est le fond qui remonte à la surface. Il n'est pas un pur fruit détaché des faits et des règles ou lois, du cas, de l'espèce, il est le cas en synthèse : une sorte d'évidence, de clarté. Il n'est pas un fruit de la méthodologie qui serait une science détachée de la matière, croyance qui fait rechercher le plan comme une chose autre que le sujet, une sorte de Graal.
Le maître du TD donne des coups de barre à droite, à gauche, ou laisse filer droit. Dans le TD idéal, sauf les deux ou trois questions initiales qui lancent le débat, il ne dit presque plus rien, sauf de montrer le sens du vent, le courant contraire que seul l'amateur reconnaît à la frise de l'eau, le nuage violet qui fait danser un danger et, avec lui, les étudiants apprennent cela, ces détails : ils comprennent.
Le maître du TD peut se métamorphoser en scribe qui note les idées au tableau, puis esquisse sur ordre la solution, le plan du travail à faire. Par lui mais à travers lui, les étudiants trouvent. Ils s'informent entre eux, ils se forment. Ce faisant, ils ne sont pas des consommateurs. Ils sont acteurs. Ils marchent, en droit, vers cette qualité très appréciée quoiqu'elle ne soit pas en soi seule un métier : ils deviennent juristes.
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à suivre.