"This life, is lived in perfect symmetry" chante l'extraordinaire groupe KEANE. La chanson pousse à une réflexion poétique qui est bien éloignée du droit. Le droit est le pur inverse de la poésie, inverse symétrique ?
L'art du droit est de dire, avec des mots employés classiquement, une chose que tout le monde comprend clairement et dans un but défini.
L'art de la poésie est de dire, avec des mots employés librement, des choses que tout le monde ne comprend qu'à sa façon, obscurément, et dans un but variable ou varié.
L'esthétique prend toutefois sa place presque à l'identique dans les deux secteurs.
La poésie s'appuie sur l'esthétique parce qu'elle poursuit le but des émotions et celle-ci en est un canal direct.
Le droit s'appuie sur l'esthétique parce que, sans méthode nouvelle et savoirs radicalement nouveaux depuis longtemps (quelques décennies ou siècles ?), sans puissance scientifique réelle (il n'y a pas de juridique quantique...), ceux qui le manient sont obligés de recourir à l'esthétique pour convaincre.
Ce faisant, ils s'adonnent à un art plus qu'à une science. Et ceux qui invoquent la science juridique (comme moi) ne sont souvent pas imprégnés d'une méthode scientifique (comme moi) autre que celle de quelques principes rudimentaires qui ont traversé les siècles et qui, maintenus avec une rigidité qui devient physiologique, les range dans une caste aussi identifiable qu'en recul.
La montée en puissance des économistes, des sociologues, des sciences administratives... sont une raison directe de la cristallisation du droit (et des juristes) que quelques recettes... qui sont toujours appréciées, s'écrie-t-on, fier, ce qui n'a aucun sens puisque ce sont les seules. Le système juridico-centrisme évoque Ptolémée.
De ce fait, l'esthétique, par ailleurs peu étudiée (je crois), garde une importante place en droit.
Le "beau du plan" devient le "vrai du fond"... Voilà l'une des raisons de l'adoration de la symétrie. A défaut de cultiver des jardins nouveaux, faisons des jardins à la françaises. Et les poètes nous y invitent... Ecoutez Keane
I shake through the wreckage for signs of life
Scrolling through the paragraphs
Clicking through the photographs
Après la première phrase surréaliste, KEANE nous ramène à deux constat concrets relatifs aux... paragraphes ! L'ordre et l'esthétique du paragraphe (une des techniques de la rédaction, et de la rédaction des actes juridiques... presque la clause de la convention ou l'article de loi...).
La chanson usera à plusieurs reprises de la symétrie, certes dans une langue anglaise rudimentaire, pour inviter à une questionnement métaphysique sur ce que peut-être, dans nos vies, dans les faits, dans les choses, la symétrie. Mais tout cela dans un obscur-clair qui fait le charme de ce titre que porte une mélodie inouïe.
Paroles et musiques pansent alors quelques âmes et coeurs pendant quelques minutes et le tour est joué. Le succès est acquis. L'art a donné de sa force.
En droit, la symétrie comble les angoisses de l'auteur et du lecteur. A défaut de toucher le fond des choses, le juriste organise une forme qui est sensée s'en approcher. D'aucuns sont certains que la forme montre l'exactitude au fond. L'impossibilité du plan radical, en deux parties, qui se répondent, seraient un témoin de l'inexactitude du fond.
Pourtant, ils prétendent également que forme et fond se distinguent et analysent l'un en le distinguant de l'autre, ce qui, dans un mouvement unique, invalide les deux méthodes (le plan en deux parties n'est pas indispensable, la distinction du fond et de la forme cachent parfois certains points à analyser).
Cette classification symétrique, dont l'esthétique est évidente, piège l'analyse la plus profonde. CQFD.
Mais le but était de parler du mystère de la symétrie, de son attrait intellectuel.
L'art du droit est de dire, avec des mots employés classiquement, une chose que tout le monde comprend clairement et dans un but défini.
L'art de la poésie est de dire, avec des mots employés librement, des choses que tout le monde ne comprend qu'à sa façon, obscurément, et dans un but variable ou varié.
L'esthétique prend toutefois sa place presque à l'identique dans les deux secteurs.
La poésie s'appuie sur l'esthétique parce qu'elle poursuit le but des émotions et celle-ci en est un canal direct.
Le droit s'appuie sur l'esthétique parce que, sans méthode nouvelle et savoirs radicalement nouveaux depuis longtemps (quelques décennies ou siècles ?), sans puissance scientifique réelle (il n'y a pas de juridique quantique...), ceux qui le manient sont obligés de recourir à l'esthétique pour convaincre.
Ce faisant, ils s'adonnent à un art plus qu'à une science. Et ceux qui invoquent la science juridique (comme moi) ne sont souvent pas imprégnés d'une méthode scientifique (comme moi) autre que celle de quelques principes rudimentaires qui ont traversé les siècles et qui, maintenus avec une rigidité qui devient physiologique, les range dans une caste aussi identifiable qu'en recul.
La montée en puissance des économistes, des sociologues, des sciences administratives... sont une raison directe de la cristallisation du droit (et des juristes) que quelques recettes... qui sont toujours appréciées, s'écrie-t-on, fier, ce qui n'a aucun sens puisque ce sont les seules. Le système juridico-centrisme évoque Ptolémée.
De ce fait, l'esthétique, par ailleurs peu étudiée (je crois), garde une importante place en droit.
Le "beau du plan" devient le "vrai du fond"... Voilà l'une des raisons de l'adoration de la symétrie. A défaut de cultiver des jardins nouveaux, faisons des jardins à la françaises. Et les poètes nous y invitent... Ecoutez Keane
I shake through the wreckage for signs of life
Scrolling through the paragraphs
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Après la première phrase surréaliste, KEANE nous ramène à deux constat concrets relatifs aux... paragraphes ! L'ordre et l'esthétique du paragraphe (une des techniques de la rédaction, et de la rédaction des actes juridiques... presque la clause de la convention ou l'article de loi...).
La chanson usera à plusieurs reprises de la symétrie, certes dans une langue anglaise rudimentaire, pour inviter à une questionnement métaphysique sur ce que peut-être, dans nos vies, dans les faits, dans les choses, la symétrie. Mais tout cela dans un obscur-clair qui fait le charme de ce titre que porte une mélodie inouïe.
Paroles et musiques pansent alors quelques âmes et coeurs pendant quelques minutes et le tour est joué. Le succès est acquis. L'art a donné de sa force.
En droit, la symétrie comble les angoisses de l'auteur et du lecteur. A défaut de toucher le fond des choses, le juriste organise une forme qui est sensée s'en approcher. D'aucuns sont certains que la forme montre l'exactitude au fond. L'impossibilité du plan radical, en deux parties, qui se répondent, seraient un témoin de l'inexactitude du fond.
Pourtant, ils prétendent également que forme et fond se distinguent et analysent l'un en le distinguant de l'autre, ce qui, dans un mouvement unique, invalide les deux méthodes (le plan en deux parties n'est pas indispensable, la distinction du fond et de la forme cachent parfois certains points à analyser).
Cette classification symétrique, dont l'esthétique est évidente, piège l'analyse la plus profonde. CQFD.
Mais le but était de parler du mystère de la symétrie, de son attrait intellectuel.
Un jour, Dominique Schmidt, que je rencontrais je crois pour la première fois à Strasbourg, en 1987, m'a dit : "la forme c'est le fond qui remonte à la surface", ce qui m'a signifié que la surface était déjà du fond. Tout en apprenant sagement à mes étudiants le plan en deux ou trois parties, je ne déteste pas souligner que cette symétrie, qui emporte satisfaction de l'esprit, ne donne rien en soi alors surtout que cet emballage tend souvent à masquer le défaut de message.
Cela désespère ceux qui ne pensent rien et qui mettent tant de choses en plan... rigoureux ! ... ou plutôt qui les laissent en plan... creux. Faut-il ici faire le lien avec les collègues qui se plaignent de l'excès de doctrine ?
Ainsi, la forme continue en 5 points, voire en 7 parties... et elle est parfaitement valable si chaque point se relie aux autre par un effet de cohérence. Au-delà, il est vrai, il devient difficile de se souvenir de l'enchaînement, la structure de 11 chapitres n'emporte plus d'effet mnémotechnique. Pour cette raison, une gloire exagérée est faite au plan en deux parties.
En revanche, l'effort de classement donne toujours les angles morts, ceux qui rentrent mal dans chacune des parties, ou qui iraient bien dans une comme dans une autre. Il faut regarder ces imperfections. Dans les sciences (dures et semi-dures) on regarde aujourd'hui davantage l'imperfection symétrique que la symétrie qui fait fonctionner les choses. De l'imperfection naît une chose nouvelle, un fait nouveau, une réalité jusqu'alors inconnue...
C'est cela qui me gêne dans le rangement excessif du plan en deux parties, il cache trop les imperfections porteuses d'analyses nouvelles. Mais après tout, la plume doit pouvoir nuancer pour sous-entendre que l'on dépasse l'intelligence de la méthode acquise.
"Perfect symmetry"
KEANE :
Tom Chaplin – vocals, etc.
Richard Hughes – drums, etc.
Tim Rice-Oxley – piano, etc.
Jesse Quin – bass, etc.
You can see the website of the group :
click there to join Keane
I shake through the wreckage for signs of life
Scrolling through the paragraphs
Clicking through the photographs
I wish I could make sense of what we do
Burning down the capitals
The wisest of the animals
Who are you, what are you living for
Tooth for tooth, maybe we'll go one more
This life, is lived in perfect symmetry
What I do, that will be done to me
Read page after page of analysis
Looking for the final score
We're no closer than we were before
Who are you, what are you fighting for
Holy truth, brother I chose this mortal life
lived in perfect symmetry
What I do, that will be done to me
As the needle, slips into the run out groove
Love, maybe you feel it too
And maybe you'll find, life is unkind
and over so soon
There is no golden gate
There's no heaven waiting for you
Oh boy you otta leave this town
get out while you can
the meter's running down
The voices in the streets you love
everything is better when you hear that shout
woooaohhh
woooaohhh
woooaohhh
spineless dreamers, hide in churches
pieces of pieces of rush hour buses
I dream in emails, worn out phrases
mile after mile of just empty pages
wrap yourself around me
wrap yourself around me
as the needle, slips into the run out groove
maybe i'll feel it too
maybe you'll feel it too
maybe you'll feel it too
maybe you'll feel it too
I dream in emails, worn out phrases
mile after mile of just empty pages
Cela désespère ceux qui ne pensent rien et qui mettent tant de choses en plan... rigoureux ! ... ou plutôt qui les laissent en plan... creux. Faut-il ici faire le lien avec les collègues qui se plaignent de l'excès de doctrine ?
Ainsi, la forme continue en 5 points, voire en 7 parties... et elle est parfaitement valable si chaque point se relie aux autre par un effet de cohérence. Au-delà, il est vrai, il devient difficile de se souvenir de l'enchaînement, la structure de 11 chapitres n'emporte plus d'effet mnémotechnique. Pour cette raison, une gloire exagérée est faite au plan en deux parties.
En revanche, l'effort de classement donne toujours les angles morts, ceux qui rentrent mal dans chacune des parties, ou qui iraient bien dans une comme dans une autre. Il faut regarder ces imperfections. Dans les sciences (dures et semi-dures) on regarde aujourd'hui davantage l'imperfection symétrique que la symétrie qui fait fonctionner les choses. De l'imperfection naît une chose nouvelle, un fait nouveau, une réalité jusqu'alors inconnue...
C'est cela qui me gêne dans le rangement excessif du plan en deux parties, il cache trop les imperfections porteuses d'analyses nouvelles. Mais après tout, la plume doit pouvoir nuancer pour sous-entendre que l'on dépasse l'intelligence de la méthode acquise.
"Perfect symmetry"
KEANE :
Tom Chaplin – vocals, etc.
Richard Hughes – drums, etc.
Tim Rice-Oxley – piano, etc.
Jesse Quin – bass, etc.
You can see the website of the group :
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I shake through the wreckage for signs of life
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I wish I could make sense of what we do
Burning down the capitals
The wisest of the animals
Who are you, what are you living for
Tooth for tooth, maybe we'll go one more
This life, is lived in perfect symmetry
What I do, that will be done to me
Read page after page of analysis
Looking for the final score
We're no closer than we were before
Who are you, what are you fighting for
Holy truth, brother I chose this mortal life
lived in perfect symmetry
What I do, that will be done to me
As the needle, slips into the run out groove
Love, maybe you feel it too
And maybe you'll find, life is unkind
and over so soon
There is no golden gate
There's no heaven waiting for you
Oh boy you otta leave this town
get out while you can
the meter's running down
The voices in the streets you love
everything is better when you hear that shout
woooaohhh
woooaohhh
woooaohhh
spineless dreamers, hide in churches
pieces of pieces of rush hour buses
I dream in emails, worn out phrases
mile after mile of just empty pages
wrap yourself around me
wrap yourself around me
as the needle, slips into the run out groove
maybe i'll feel it too
maybe you'll feel it too
maybe you'll feel it too
maybe you'll feel it too
I dream in emails, worn out phrases
mile after mile of just empty pages