Pour ne pas manier notions et mécanismes élémentaires à l'envers, le juriste est bien vite conduit à la philosophie.
La moindre analyse suppose de dépasser le dictionnaire (qui certes n'est pas toute la linguistique...) pour en venir aux notions du monde que l'esprit peut penser. Le juriste est donc obligé d'en venir à la philosophie et, en vérité, à la philosophie juridique. Sa vocation est de prendre en charge l'infrastructure notionnelle, de définir les concepts au plus profond que les esprits actuels puissent aller. Le juriste a besoin de cet absolu, pour aller toucher l'absolu qu'est la justice (la Justice). Il doit confronter les idées qui ont construit la pensée humaine (eh oui, rien que cela...) aux idées qui président à la consécration d'une notion ou d'un mécanisme juridiques. Ces derniers occupent les lois et les décisions de justice, même s'ils n'ont parfois été utilisés que machinalement.
En vérité, le même travail doit être fait à l'égard des sciences exactes, ou du moins des principales, mais là, c'est une autre paire de manches ! Par coquetterie, incapacité et dogmatisme, la dichotomie sciences sociales / sciences exactes (souples/dures) permet au juriste de se dispenser de tout effort, alors que nombre de concepts juridiques sont empruntés à la physique (enfin, à la physique de Newton au mieux).
Mais la philosophie traditionnelle permet tout de même de réunir ces deux mondes.
En cherchant dans les philosophes classiques, on constate que la plupart des fondateurs de la pensée humaine ont à la fois étudié la métaphysique (la philo) et (et !) les sciences physiques avec/par (et là je frôle le pléonasme scientifique) la mathématique. C'est d'une grande banalité, mais pas tellement d'une grande actualité.
L'apport de le philosophie est donc double, l'apport de la philosophie du droit peut donc a fortiori être double. Comprendre les notions humaines, comprendre les notions scientifiques.
Pour ne pas manier notions et mécanismes en toute méconnaissance de tout ou presque... le juriste doit s'échapper de "sa" sphère, non pour conjecturer à l'infini mais pour, après un examen attentif, sérieux et pertinent, dire qu'il comprend la loi, l'arrêt, et qu'il peut donc appliquer l'un ou l'autre. Dans cette affaire, l'intellectualisme menace le juriste qui, soudain, réalisant que le droit n'est souvent que technique, peut devenir un philosophe de la dernière heure. Et le voilà parti à ne plus revenir en terres juridique et oublié les besoins de la justice, du droit et des gens de/du Droit.
Comme pour toute synthèse, le juriste doit revenir à des propos compréhensibles et un minimum utiles. Le juriste ne peut pas faire un voyage en philosophie pour ne plus en revenir et finir dans la crise mystique de Blaise Pascal (honneur à l'un des plus grands ! à qui l'on vient d'enlever son Université...). Il faut donc philosopher en droit avec un espoir de retour dans le monde du droit pour : rédiger la lettre utile, rédiger le contrat, rédiger le projet de loi, rédiger le jugement, rédiger le commentaire demandé, rédiger la note nécessaire explicative du droit applicable. D'ailleurs, entendez Lucien Jerphagnon, philosophe accompli, dire le besoin de clarté voire de vulgarisation
Lucien Jerphagnon, 1921 - 2011
"ce sera donc une approche, ce qui exclut les cheveux coupés en quatre, et ce langage des philosophes, à ce point ésotérique qu'il en devient impoli." (l'auteur sachant se moquer de lui quand il écrivait, raconte-t-il, avec des textes bardés de notes avec du grec et du latin à tous les étages...). Le juriste, qui fait déjà cela dans son propre art, écrire du droit de façon absolument incompréhensible, ne doit pas rajouter une couche philosophique.
A cela, il y a une raison, sociale, impérieuse, humaine. Le Droit et la Justice doivent rester le plus proche de tous les citoyens, et donc, avec, la langue qui leur sert de moyen de communication (même par un site internet ou les réseaux sociaux...!). Le bon juriste sait parler au président de société comme au plus modeste des citoyens, le bon juge sait parler à tous les citoyens (c'est cela un juge) pour l'interroger (comparution personnelle) ou pour dire le droit et trancher un litige. Le bon juriste d'entreprise parle au président de société comme au moindre employé qui est face à un client et doit régler un problème.
Si le bon juriste doit se perdre dans un philosophie ésotérique, mieux vaut qu'il reste le bon positiviste qu'il est ! Il pourra nous décevoir à l'occasion, mais il officiera fort honnêtement au quotidien !
La philosophie du droit ne doit pas, enfin, s'enfermer dans les débats purement philosophiques (ou de la philosophie traditionnelle) qui évoquent ou suggère le droit. Le juste, le mal, la faute, l'intention... donnent lieu à des débats infinis (c'est le propre de la philosophie) et variés (variété des philosophes oblige). Ils ne faut pas les fuir, mais ce n'est peut-être pas à cet étage que la philosophie sera le plus utile, du moins au juriste professionnel qui exerce des responsabilités.
Il y a sans doute un espace tout aussi large et fructueux sur des point sensibles qui demeurent peu exploités.
Je ne dirai pas que je m'en suis convaincu, ces derniers temps, en surprenant les juristes à ne pas avoir travaillé ce qu'est une idée juridique, ce que sont les idées juridiques (voyez la note plus bas, et dans quelques mois utilisez la barre recherche).
Mais il y a un peu de cela tout de même...
Alors, pourquoi ne pas continuer ? Et je dirai plus tard un mot de l'ouvrage de Bruno Oppetit, un grand (comme l'on dit) commercialiste (comme l'on dit de moins en moins).
La moindre analyse suppose de dépasser le dictionnaire (qui certes n'est pas toute la linguistique...) pour en venir aux notions du monde que l'esprit peut penser. Le juriste est donc obligé d'en venir à la philosophie et, en vérité, à la philosophie juridique. Sa vocation est de prendre en charge l'infrastructure notionnelle, de définir les concepts au plus profond que les esprits actuels puissent aller. Le juriste a besoin de cet absolu, pour aller toucher l'absolu qu'est la justice (la Justice). Il doit confronter les idées qui ont construit la pensée humaine (eh oui, rien que cela...) aux idées qui président à la consécration d'une notion ou d'un mécanisme juridiques. Ces derniers occupent les lois et les décisions de justice, même s'ils n'ont parfois été utilisés que machinalement.
En vérité, le même travail doit être fait à l'égard des sciences exactes, ou du moins des principales, mais là, c'est une autre paire de manches ! Par coquetterie, incapacité et dogmatisme, la dichotomie sciences sociales / sciences exactes (souples/dures) permet au juriste de se dispenser de tout effort, alors que nombre de concepts juridiques sont empruntés à la physique (enfin, à la physique de Newton au mieux).
Mais la philosophie traditionnelle permet tout de même de réunir ces deux mondes.
En cherchant dans les philosophes classiques, on constate que la plupart des fondateurs de la pensée humaine ont à la fois étudié la métaphysique (la philo) et (et !) les sciences physiques avec/par (et là je frôle le pléonasme scientifique) la mathématique. C'est d'une grande banalité, mais pas tellement d'une grande actualité.
L'apport de le philosophie est donc double, l'apport de la philosophie du droit peut donc a fortiori être double. Comprendre les notions humaines, comprendre les notions scientifiques.
Pour ne pas manier notions et mécanismes en toute méconnaissance de tout ou presque... le juriste doit s'échapper de "sa" sphère, non pour conjecturer à l'infini mais pour, après un examen attentif, sérieux et pertinent, dire qu'il comprend la loi, l'arrêt, et qu'il peut donc appliquer l'un ou l'autre. Dans cette affaire, l'intellectualisme menace le juriste qui, soudain, réalisant que le droit n'est souvent que technique, peut devenir un philosophe de la dernière heure. Et le voilà parti à ne plus revenir en terres juridique et oublié les besoins de la justice, du droit et des gens de/du Droit.
Comme pour toute synthèse, le juriste doit revenir à des propos compréhensibles et un minimum utiles. Le juriste ne peut pas faire un voyage en philosophie pour ne plus en revenir et finir dans la crise mystique de Blaise Pascal (honneur à l'un des plus grands ! à qui l'on vient d'enlever son Université...). Il faut donc philosopher en droit avec un espoir de retour dans le monde du droit pour : rédiger la lettre utile, rédiger le contrat, rédiger le projet de loi, rédiger le jugement, rédiger le commentaire demandé, rédiger la note nécessaire explicative du droit applicable. D'ailleurs, entendez Lucien Jerphagnon, philosophe accompli, dire le besoin de clarté voire de vulgarisation
Lucien Jerphagnon, 1921 - 2011
"ce sera donc une approche, ce qui exclut les cheveux coupés en quatre, et ce langage des philosophes, à ce point ésotérique qu'il en devient impoli." (l'auteur sachant se moquer de lui quand il écrivait, raconte-t-il, avec des textes bardés de notes avec du grec et du latin à tous les étages...). Le juriste, qui fait déjà cela dans son propre art, écrire du droit de façon absolument incompréhensible, ne doit pas rajouter une couche philosophique.
A cela, il y a une raison, sociale, impérieuse, humaine. Le Droit et la Justice doivent rester le plus proche de tous les citoyens, et donc, avec, la langue qui leur sert de moyen de communication (même par un site internet ou les réseaux sociaux...!). Le bon juriste sait parler au président de société comme au plus modeste des citoyens, le bon juge sait parler à tous les citoyens (c'est cela un juge) pour l'interroger (comparution personnelle) ou pour dire le droit et trancher un litige. Le bon juriste d'entreprise parle au président de société comme au moindre employé qui est face à un client et doit régler un problème.
Si le bon juriste doit se perdre dans un philosophie ésotérique, mieux vaut qu'il reste le bon positiviste qu'il est ! Il pourra nous décevoir à l'occasion, mais il officiera fort honnêtement au quotidien !
La philosophie du droit ne doit pas, enfin, s'enfermer dans les débats purement philosophiques (ou de la philosophie traditionnelle) qui évoquent ou suggère le droit. Le juste, le mal, la faute, l'intention... donnent lieu à des débats infinis (c'est le propre de la philosophie) et variés (variété des philosophes oblige). Ils ne faut pas les fuir, mais ce n'est peut-être pas à cet étage que la philosophie sera le plus utile, du moins au juriste professionnel qui exerce des responsabilités.
Il y a sans doute un espace tout aussi large et fructueux sur des point sensibles qui demeurent peu exploités.
Je ne dirai pas que je m'en suis convaincu, ces derniers temps, en surprenant les juristes à ne pas avoir travaillé ce qu'est une idée juridique, ce que sont les idées juridiques (voyez la note plus bas, et dans quelques mois utilisez la barre recherche).
Mais il y a un peu de cela tout de même...
Alors, pourquoi ne pas continuer ? Et je dirai plus tard un mot de l'ouvrage de Bruno Oppetit, un grand (comme l'on dit) commercialiste (comme l'on dit de moins en moins).