Le rapport de stage. Un exercice accessible pour l'étudiant mais souvent décevant pour le lecteur... jusqu'à la soutenance dudit rapport.



Le rapport de stage. Un exercice accessible pour l'étudiant mais souvent décevant pour le lecteur... jusqu'à la soutenance dudit rapport.
Avec la fin de 5e année et souvent la fin des stages, se profile le rapport de stage. Pour le domaine juridique, il intéresse également les élèves-avocats, les futurs notaires... Se pose alors la problématique du rapport de stage. Quand un exercice est facile, on échoue parce que l'on a senti que c'était facile : on n'a pas pris assez garde. Quand un exercice est difficile, comme souvent le mémoire, on échoue parce que c'était objectivement difficile : on a pris trop à coeur en se tétanisant, on a pris trop garde. Il convient donc de prendre un peu de recul et de n'être ni trop décontracté, ni tétanisé, le cas échéant en vérifiant bien les termes des textes (lois, décret) qui organisent le stage, parfois cela peut aider, même si la pratique ou l'usage d'un lieu ne sont pas inutiles. Le tout vise à éviter les "gros défauts" du rapport de stage.

Le stagiaire a souvent des défauts stéréotypés qu'il déploie dans son rapport :

- sur l'organisme qui l'accueille il parle de choses peu intéressantes ;
- sur le métier découvert ou à découvrir il persiste dans les banalités ;
- sur les tâches accomplies il prend les plus ordinaires et ne sait guère trier ;
- sur les épreuves rencontrées et surmontées il est plus que banal, vague : il avoue sans trop savoir détailler et analyser : "j'ai beaucoup progressé".

Un bon rapport de stage c'est d'abord développer des traits qui brideront ces défauts, contrairement aux airs de méthode qu'on a pu vous chanter, qui vous imposeraient un modèle trop rigide, un rapport sincère et personnel, qui creuse un peu (au moins les quatre aspects précités). La sincérité signifie que vous devez noter et expliquer ce qui vous a marqué, et ce doit être tempéré par ce qui est objectivement intéressant et important, et qui vous a moins marqué, moins plu.

En vérité, comme tout exercice, le rapport démontrera la capacité du "rapporteur" à s'adapter ; sous l'aspect d'un exercice convenu et banal, on pourra parfaitement mesurer les capacités d'intelligence pure, de pertinence et d'implication de l'auteur. Ecrire, c'est se montrer et se montrer tel que l'on est ; bien plus qu'un affichage, c'est l'humilité de confier et montrer ses limites. Le rapport vous montre et laissera inévitablement percevoir vos limites.

Le rapport contient un piège "paradoxal" ; l'exercice qui n'est généralement pas difficile, trahit par la facilité dans laquelle il laisse tomber le stagiaire. Vous pensiez que la théorie abstraite de la mesure de votre "niveau" allait cesser avec le rapport de stage : vous vous êtes trompé. Le lecteur impliqué, au moins lui, contrôlera encore toutes les facettes de vos aptitudes. Vous pourrez vous faire attraper sur votre naïveté, vos faiblesses techniques (manque de savoir), vos erreurs méthodologiques (erreur de logique), votre culture générale faible... Le rapport est tellement dépourvu de difficulté précise (raconter ce que vous avez fait pendant quelques semaines ce n'est pas sorcier) que c'est justement cela qui devient la difficulté.

Comme toujours pour l'écriture, il convient d'aller vite sur les choses qui s'entendent et d'être plus long sur ce qui est original, important, difficile ou nouveau. Voilà pourquoi nombre de personnes n'écrivent pas, elles ne parviennent pas à évincer ce qui est sans intérêt et, peut-être encore moins, approfondir ce qui doit l'être. La consigne suffit-elle ? Non. Certains estimeront à tort qu'un service d'entreprise qui a 20 ans est nouveau... d'autres, ignorants, verront un service original quand ice existe dans une entreprise sur trois... Les consignes de méthodes permettent de s'orienter, la méthode ne donne pas le contenu !

Tout est également affaire de niveau. On présente rapidemment ce qu'est un notaire dans un rapport de stage fait par un étudiant de 4e année de droit destiné à des juristes qui savent ce qu'est un notaire ! C'est plus long pour un rapport de stage d'un étudiant en commerce de 2e année. Cela devient le seul sujet pour un étudiant de lycée qui découvre le monde de l'entreprise ! Ce dernier ne va pas théoriser sur l"hypothèque rechargeable, quand on pourra le souhaiter d'un étudiant en droit de fin d'études. La mesure et le bon sens font partie de la méthode qui, pour donner un cadre et un ordre, ne donne qu'une part de l'intelligence.

En une phrase on ne purgera pas la difficulté principale, et qui dépend de l'Ecole ou Université qui vous demande le rapport de stage. La principale difficulté, de fond, est celle de savoir la part faite à l'organisme (sa structure, son activité, ses dirigeants...) et la part des taches accomplies. Un vrai stage de préparation à un métier doit démontrer que vous avez exercé partie du métier ; le rapport devra donc comporter, en Droit, un cas ou un acte démontrant votre implication et votre art. Il sera préférable choisir un cas original et non le cas qui a été vu cent fois par le lecteur : mettez-vous un peu à la place de ceux qui lisent.

La forme est également importante. Voyez la couverture, déjà il y a une imperfection : stage effectué chez Maître Jean TRUC, avocat ; stagiaire MACHIN Mélanie. Mais ! Comment écrit-on un nom : le prénom avant ou après ? Avez-vous lu des romans de ZOLA Emile ou de Emile ZOLA ? Ah le bon sens ! Les bacs + 7 l'ignorent souvent, autant dire qu'il y aura avantage à montrer à tous niveaux d'études que l'on sait...

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Le rapport de stage. Un exercice accessible pour l'étudiant mais souvent décevant pour le lecteur... jusqu'à la soutenance dudit rapport.
Dès la couverture, un a oublié le maître de stage, l'autre l'entreprise, l'autre l'année... et dès les premières pages on pourra vérifier si l'individu sait exposer et écrire ou s'il ne le sait pas. La chose se vérifiera jusqu'à la dernière page : les annexes ont-elles été numérotées ou marquées par une lettre ? De façon à voir où est l'annexe "C" et ou commence l'annexe "B" ? Ont-elles fait l'objet, ces annexes, d'une page de présentation avec leur intitulé ou toute mention utile ou pratique ? Ou bien le client se fiche-t-il de tout cela...? Incapable de percevoir cet intérêt pour l'autre, le lecteur, incapable de pertinence, de pragmatisme ou trop capable de négligence...

Voilà quelques remarques qui devraient se compléter de conseils sur la soutenance, qui peut vous sauver s'il y a eu des maladresses. Cela peut être l'occasion de carrément rectifier une phrase intenable, plus souvent de confirmer qu'il y a une équivoque et que la phrases méritait un mot d'explication purgeant l'équivoque. La soutenance est enfin le moment de montrer que l'on maîtrise son sujet. Quel étonnement de voir arriver des élèves avocats qui ont fait six mois de stage, écrit un rapport, appris un métier avec 5 feuilles noircies. C'est qu'ils liraient, les bougres, si vous ne les en empêchiez pas ! Le seul fait d'arriver avec leur feuilles (et de les consulter !) prouve leur incapacité à parler 8 minutes d'un sujet qu'ils sont par hypothèse sensés connaître sur le bout de leurs doigts : c'est leur stage !

Comment être avocat, ou titulaire d'un master 2, cadre dans une entreprise, si on ne sait pas parler d'un sujet que l'on connaît pendant 8 minutes sans une pile de papiers - dans laquelle du reste on a toutes les chances de se perdre ?!

La soutenance peut aussi être le moment où l'on dit des choses ; mais là aussi, le bon stage c'est un peu celui que le stagiaire a su trouver. Sans un brin de débrouillardise (mais il est vrai que le "piston" et les privilèges existent), pour trouver un bon stage, un bon maître de stage, il sera difficile de faire un bon rapport. Enfin, il sera possible à l'oral de confier à mots couverts que votre maître de stage vous a mis dans un placard que le photocopieur coinçait la porte en sorte que vous ne pouviez pas sortir. Décidément, la pertinence et l'intérêt du stage se saisissent déjà quand on sollicite les organismes que l'on souhaiterait découvrir...

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