Humanisme et raison juridique, #directdroit par Hervé CAUSSE

Le plan ! Mais quel plan !? Celui qui dit le moins mal le contenu linéaire...



En réponse à une question d'étudiante... Un article qui m'avait marqué en l'écrivant, et qui est le reflet de tout un travail sur l'écriture... Oui le plan en deux parties n'est pas l'idéal que l'on dit.

Le plan : une quintessence de la méthodologie ne doit pas faire perdre le "fil des choses"... suggestion de la méthode linéaire.

J'évoque la logique linéaire qui doit animer un propos, et donc y compris un écrit structuré (avec un plan).

Dans ce que j'écris en ce moment, je renforce ma conviction de savoir transcender le plan qui, avec ses arrêts et ses coupures, entrave parfois le raisonnement ou la continuité du propos : d'où la nécessité souvent nécessaire de "transitions".

L'essai que j'écris en ce moment est manifestement le fruit d'un effort linéaire. Donner à la pensée la force d'un fleuve tranquille ne se marie pas toujours bien avec les parties prédéterminées qu, par hypothèse, constituent une sorte d'arrêt de la pensée (on entend bien aussi qu'un plan s'aménage en cours d'écriture, le choix initial constituant cependant une résistance à une modulation faite de la souplesse de l'intelligence).

Je le relève dans ce livre et j'ose parler de linéarisme. En France, quand on met un "isme" aux mots, on a l'air plus intelligent !

En tout cas, je crois être allé bien plus loin que si j'avais imaginé deux parties de livres, ou même trois. Je crois...

Les plans en deux ou trois parties sont une petite violence faite à la pensée, une exigence de trouver une solution vite, avant même de considérer tout le fond à gratter, à dire et à expliquer. Le plan ce doit être le fond qui remonte à la surface ! Or, c'est souvent à l'inverse que le choix préalable (à l'écriture) peut aboutir.

Mon linéarisme entache déjà mon ouvrage Droit bancaire et financier, le plan en sept parties y est ainsi, à notre sens tout objectif (!), d'une grande lisibilité. Récemment, j'ai croisé un livre (il m'échappe) dont l'auteur a également choisi d'exposer sa matière en 7 parties.

Le plan en deux parties peut sans doute recevoir les mêmes critiques que le plan en trois parties, la technique ternaire ayant formé des générations de philosophes, notamment à l'ENS ; certains ont eu une destinée internationale, du moins leur nom... Et souvent sans thèse, leur premier ouvrage substantiel était un essai publié. C'est dire la majesté de ce plan en trois parties.

Il vient pourtant d'en être fait une critique, approfondie, au vu de faits : de copies des agrégations des années... 1890 ! La racine des plans tient aux concours où un genre d'exercice permet de pourvoir des emplois publics et même, parfois, de désigner le meilleur ou la meilleure d'une génération.

Ce travail critique de Wiktor Stoczkowski, admirable, et plus large que ce point, n'est pas aisément accessible aux étudiants. Il confirme cependant que la méthode, rigide, rigidifiée, n'est pas systématiquement la meilleure amie de la science, de la connaissance et de l'intelligence.

Certains me répliqueront : "personne ne le dit, vous extrapolez !"

Certes, on le dit peu ou pas mais presque tout le monde le laisse entendre !

La méthode (restons tous simples, et évitons de parler de méthodologie...), doit rester, selon le mot grec, le chemin, soit la voie pour arriver à dire ce que l'on a à dire. Aucune théorie n'a jamais établi que la voie passait par deux ou trois parties...

Que de banalités !


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