Le droit en schémas et en tableaux, revirement personnel.

Il y a fort longtemps, j'ai pensé que certaines nouvelles méthodes devaient appeler des réserves au moins pour être trop montrées. En vérité, il faut surtout dire que l'étude du droit doit passer par la lecture, l'écriture, et souvent par des lectures croisées et des écritures recommencées. Les méthodes complémentaires ne sont pas à négliger, alors surtout qu'elles mènent à la lecture et à l'écriture.

L'actuelle impossibilité (enfin Teams a de grandes ressources, je sais...), avec les cours à distance, de produire des schémas et des tableaux, rappelle à tous que nous les pratiquons volontiers. Par exemple, enseigner les opérations à trois personnes sans schémas c'est risquer de perdre 85 % d'un auditoire en 5 minutes.

N'excluons rien,, faisons une autre brève remarque. En cours, la classe et l'amphithéâtre donnent des ressources autres que le schéma. Je peux expliquer la stipulation pour autrui, opération idéalement à trois personnes, comme au théâtre, avec l'épouse au fond de l'amphi, oubliée et, à l'extrême gauche du premier rang l'étudiant qui est l'assureur et, à l'opposé, à l'extrême droite, la bénéficiaire, en l'étudiante qui percevra 1 million d'euros d'assurance vie, notamment s'il m'arrive malheur. La scène apprendra bien à tous que la stipulation pour autrui met permet de stipuler avec un assureur pour une ravissante étudiante !

Le travail de scène ne dispense pas du travail solitaire.

Les tableaux et schémas ont été mis à la mode par les éditions ellipses, au moins par elles. Cette créativité éditoriale empruntait toutefois à la pédagogie des Facultés. Même en cours magistral, dresser un tableau (justement au tableau) ou un schéma est usuel. Outre les personnalité qui n'entendent pas s'ennuyer avec cela.

La projection du tableau ou du schéma par visio renouvelle la technique sans changer la question de fond. Durant un cours, ces créations sont du reste une rupture de ton, de rythme et d'optique qui reposent les étudiants, et donc les remobilisent. L'enseignement est psychologie.

Elles ont par ailleurs un effet initiatique puisque l'étudiant voit comment construire un schéma : la première pierre, l'élément de départ, la deuxième, et puis on rentre dans la complexité des 3e et 4e flèches ou lien.... et parfois, alors que l'oeuvre semble finie....

A prendre du recul, devant les étudiants, à se donner 15 secondes de réflexion à la vue de l'ensemble, l'auteur des traits noirs, bleus, rouges (et verts aussi, dans les Facultés riches), ressent un manque. La dernière touche, un point mal montré par le schéma est ajouté. La voilà ajoutée, la dernière touche.

La perfection n'existe pas, en convaincre sans le dire importe : c'est donner de la confiance à l'esprit jeune craintif ou calmer celui qui croit tout savoir. Ce montage "en live" a donné la mesure des concepts, des liens (encore des concepts, mais chut), du sens des choses dans le temps. L'essentiel a été donné. L'esprit est prêt à aller lire des points plus pénétrants et difficiles, le détail qui peut enrayer la mécanique présentée.

Le tableau a les mêmes avantages que la production de schémas, il peut du reste être littéraire ou comptable. Expliquer qu'un compte bancaire est un tableau de comptes, des comptes, une comptabilité, cela se dit en une phrase mais cela se pose aussi en tableau au tableau ! On pensera que dans le second cas la chose ne sera jamais oubliée.

Il y a des livres pour diversifier ses méthodes de travail. Ils peuvent vous donner du travail : faites vos tableaux et schémas ! Ils offrent aussi le contraste du besoin de lecture et d'écriture qui seuls donnent la précision de la règle de droit, du Droit.