Chemin faisant, à propos de la conscience...
Le juge et tout juriste, dans un prétoire ou ailleurs, se demande parfois comment aborder l'exercice du droit. Cet exercice met en cause la vie des gens. Des faits. Des choses. Il faut en avoir conscience, une conscience... la conscience ? Pour des questions d'argent, pour des questions de familles, pour des questions de contrats et parfois pour des questions pénales qui intéressent directement la liberté. Comment aborder le droit ? Comment en avoir une conscience satisfaisante, lucide et efficace ?
Comment saisir le monde juridique et le monde ordinaire ?
La question se pose au-delà des pratiques habituelles, c'est-à-dire parfois : dans certains cas, complexes ou originaux. Exemple : comment aborder l'immatérialisme généralisé des nouvelles technologies quand rien n'est véritablement tangible et concret ? Comment peut-il opérer ?
On s'interroge aussi, parfois, après quelques années de pratique. A l'usage, la façon de faire (conseiller, rédiger un contrat, plaider... écrire du droit) semble limitée, étroite... un peu ridicule voire vaine. L'esprit a conscience de la limite de ces exercices. Mais qu'est-ce donc cette conscience qui se réveille après plusieurs années ?
La conscience est alors désemparée.
Qui est-elle la conscience ?
Il ne s'agit pas seulement de la question de "travailler en conscience", mais bien de savoir comment : comment travailler.
Soyons un peu plus concret. Comment l'esprit, la conscience, doit-elle saisir le droit ? Coller le nez dans un code suffit-il ? Mais que regarder sinon : de quoi faut-il avoir conscience ? De quoi la conscience peut-elle avoir conscience ? Quelles sont les réalités juridiques qui échappent à notre conscience : à notre esprit à l'oeuvre pour saisir un cas juridique et son contexte.
Bien, c'est un peu complexe ; eh bien soit, vous y reviendrez un jour.
En passant par la conscience, c'est ce que fait, avec le talent qu'on lui sait, un collègue qui, à l'occasion, montre le jeu de l'écrit, et du livre, au dit... au CD.
Monsieur le Professeur Pierre GUENANCIA fait une belle synthèse, naturelle et simple, mais profonde, de la question de la conscience. Il publie des CD de cours, agréable à écouter, lesquels donnent une synthèse d'un livre (illustration).
Il traite de Edmund HUSSERL. Il fut chassé de l'université, comme tant d'autres, par ceux qui portent atteinte aux libertés, et cela commence souvent dans les universités (quand les lâches, technocrates et incapables s'emparent du pouvoir et entendent faire taire l'esprit (pesons notre vote en cette période d'élections européennes).
Pierre GUENANCIA lance alors que, dans la "Krisis" (comme l'on dit de cet ouvrage), Edmund HUSSERL arrive à cette conclusion simple mais vaste et utile.
S'il s'agit de sauver la dignité de l'homme occidental, et ainsi de le préserver, il faut alors qu'il s'en remette et préserve deux choses : la liberté et la raison. Peut-être le logicien aura-t-il négligé la condition du tout, le courage, car le mal vient au quotidien, et triomphe un jour, par le manque de courage (lequel postule souvent ou implique l'indépendance).
Il me frappe de lire alors le commentaire de Simone Goyard-Fabre qui introduit Le discours de la servitude volontaire de La Boétie. Elle marque son commentaire de ces deux mots formant un intitulé : Raison et liberté (GF-Flammarion, 1963 / 1983, p. 106). Et le courage pointe son nez qui permet, avec Etienne de La Boétie, de dire que "le XVIe siècle ouvre l'âge moderne" (ibid., p. 117, selon la formule de P. Villey).
Décidément, hors des choses simples point de vérité !
Raison et liberté sont-ils encore les mots qui nous constituent ou bien les abandonnons-nous gavés que nous sommes de consommations en tous genres...? Nous vivons encore sur ce mode de pensée, sur ces principes. Mais leur déclin est sensible. A mon sens, nous oublions la consigne du Discours de la servitude volontaire : "Nous ne sommes pas nés en possession de notre franchise, mais avec affectation de la défendre" (ibid., p. 141).
Alors tous nos actes qui forment notre conscience (à ne pas confondre avec notre bonne conscience, notion moraliste de seconde zone) ont leur tissage de raison, liberté et courage.
Retour au droit !
La loi et l'exercice du droit entre* liberté et raison... quel beau programme !
----------------
* Quoique ce "entre" ne me séduise généralement pas en méthode car il désigne trop le rien sur un mode "voyez ô combien ma pensée est riche et complexe..." : un sujet avec entre, c'est la plupart du temps un sujet du nulle part.
Le juge et tout juriste, dans un prétoire ou ailleurs, se demande parfois comment aborder l'exercice du droit. Cet exercice met en cause la vie des gens. Des faits. Des choses. Il faut en avoir conscience, une conscience... la conscience ? Pour des questions d'argent, pour des questions de familles, pour des questions de contrats et parfois pour des questions pénales qui intéressent directement la liberté. Comment aborder le droit ? Comment en avoir une conscience satisfaisante, lucide et efficace ?
Comment saisir le monde juridique et le monde ordinaire ?
La question se pose au-delà des pratiques habituelles, c'est-à-dire parfois : dans certains cas, complexes ou originaux. Exemple : comment aborder l'immatérialisme généralisé des nouvelles technologies quand rien n'est véritablement tangible et concret ? Comment peut-il opérer ?
On s'interroge aussi, parfois, après quelques années de pratique. A l'usage, la façon de faire (conseiller, rédiger un contrat, plaider... écrire du droit) semble limitée, étroite... un peu ridicule voire vaine. L'esprit a conscience de la limite de ces exercices. Mais qu'est-ce donc cette conscience qui se réveille après plusieurs années ?
La conscience est alors désemparée.
Qui est-elle la conscience ?
Il ne s'agit pas seulement de la question de "travailler en conscience", mais bien de savoir comment : comment travailler.
Soyons un peu plus concret. Comment l'esprit, la conscience, doit-elle saisir le droit ? Coller le nez dans un code suffit-il ? Mais que regarder sinon : de quoi faut-il avoir conscience ? De quoi la conscience peut-elle avoir conscience ? Quelles sont les réalités juridiques qui échappent à notre conscience : à notre esprit à l'oeuvre pour saisir un cas juridique et son contexte.
Bien, c'est un peu complexe ; eh bien soit, vous y reviendrez un jour.
En passant par la conscience, c'est ce que fait, avec le talent qu'on lui sait, un collègue qui, à l'occasion, montre le jeu de l'écrit, et du livre, au dit... au CD.
Monsieur le Professeur Pierre GUENANCIA fait une belle synthèse, naturelle et simple, mais profonde, de la question de la conscience. Il publie des CD de cours, agréable à écouter, lesquels donnent une synthèse d'un livre (illustration).
Il traite de Edmund HUSSERL. Il fut chassé de l'université, comme tant d'autres, par ceux qui portent atteinte aux libertés, et cela commence souvent dans les universités (quand les lâches, technocrates et incapables s'emparent du pouvoir et entendent faire taire l'esprit (pesons notre vote en cette période d'élections européennes).
Pierre GUENANCIA lance alors que, dans la "Krisis" (comme l'on dit de cet ouvrage), Edmund HUSSERL arrive à cette conclusion simple mais vaste et utile.
S'il s'agit de sauver la dignité de l'homme occidental, et ainsi de le préserver, il faut alors qu'il s'en remette et préserve deux choses : la liberté et la raison. Peut-être le logicien aura-t-il négligé la condition du tout, le courage, car le mal vient au quotidien, et triomphe un jour, par le manque de courage (lequel postule souvent ou implique l'indépendance).
Il me frappe de lire alors le commentaire de Simone Goyard-Fabre qui introduit Le discours de la servitude volontaire de La Boétie. Elle marque son commentaire de ces deux mots formant un intitulé : Raison et liberté (GF-Flammarion, 1963 / 1983, p. 106). Et le courage pointe son nez qui permet, avec Etienne de La Boétie, de dire que "le XVIe siècle ouvre l'âge moderne" (ibid., p. 117, selon la formule de P. Villey).
Décidément, hors des choses simples point de vérité !
Raison et liberté sont-ils encore les mots qui nous constituent ou bien les abandonnons-nous gavés que nous sommes de consommations en tous genres...? Nous vivons encore sur ce mode de pensée, sur ces principes. Mais leur déclin est sensible. A mon sens, nous oublions la consigne du Discours de la servitude volontaire : "Nous ne sommes pas nés en possession de notre franchise, mais avec affectation de la défendre" (ibid., p. 141).
Alors tous nos actes qui forment notre conscience (à ne pas confondre avec notre bonne conscience, notion moraliste de seconde zone) ont leur tissage de raison, liberté et courage.
Retour au droit !
La loi et l'exercice du droit entre* liberté et raison... quel beau programme !
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* Quoique ce "entre" ne me séduise généralement pas en méthode car il désigne trop le rien sur un mode "voyez ô combien ma pensée est riche et complexe..." : un sujet avec entre, c'est la plupart du temps un sujet du nulle part.