Humanisme et raison juridique, #directdroit par Hervé CAUSSE

L'équation de Matignon : de la désignation du Premier ministre (Const., art. 8).



L'équation de Matignon : de la désignation du Premier ministre (Const., art. 8).
Jamais un Président de la République n'aura à ce point été embarrassé par la nomination d'un Premier ministre ou d'une Première ministre.

C'est un paradoxe et plutôt incompréhensible puisque :

- le président s'attendait à être réélu ;

- la majorité repose sur deux partis et non 3 ou 4 qui poseraient des difficultés...

- le délai technique est dépassé (depuis le 24 avril) et la cause de crise internationale ne s'entend pas comme le justifiant ;

- l'ancien Premier ministre, issu de LR et de la technocratie (la Cour de comptes), ne pouvait pas mener la campagne électorale des législatives, la question se posait donc ;

- le président souhaite un super directeur de cabinet (expression exagérée) et donc le choix relève de la cosmétique politique (il est aujourd'hui dit qu'il valide chaque candidature aux législatives : il ne veut donc rien déléguer...) ;

- le président s'est imposé de désigner une femme écolo ayant une voix politique qui conviendrait aux LREM, Modem et un peu aux ex-LR... une équation a priori impossible à résoudre; du reste, la candidate à laquelle il avait pensé après plusieurs jours de réflexion a décliné l'offre...

On peut donc se demander si le président de la République n'est pas en train de perdre tout seul l'élection présidentielle - image ! Ou, plus simplement, en train de perdre une chance d'obtenir une majorité de députés.

Ses oppositions multiples peuvent en effet, sans que l'une d'elle n'emporte la majorité, ce serait surprenant, le priver de la majorité à l'Assemblée nationale. Cela est très concevable, malgré l'insolente réussite du président.

Ainsi, si personne ne sera élu Premier ministre avec les législatives de juin, le Premier ministre nommé pourrait bien être battu au cours de ce scrutin, le symbole devant avoir une conséquence : après un tel échec en effet, le Premier ministre tant recherché au mois de mai et enfin nommé(e) serait à renouveler en juin !!!

Dans une telle configuration digne de la IVe République, sans majorité présidentielle, le nouveau nouveau Premier ministre, de fin juin, devrait alors être un pur politique pour pouvoir espérer faire quelques réformes à durement négocier avec les députés.

La situation, inédite en droit et en politique, peut laisser perplexe.


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