Le physicien du CEA a dirigé la conférence sur l'évaluation des élèves qui a été caricaturée par la question de la suppression des notes, choix qui désemparerait l'ensemble des acteurs et risquerait de désorganiser l'Education nationale pendant quelques années. Cette conférence a un site internet, on peut y renvoyer. Elle aura aussi eu l'avantage de signaler une personnalité qui travaille sur la philosophie des sciences.
Le Pr. KLEIN a accordé un entretien où il raille avec délicatesse l'évaluation : tout est évalué, les professeurs, les élèves, les centres de recherches, les écoles doctorales, les diplômes, les Facs, les universités... On ajoutera, plus acide, que seuls les évaluateurs ne sont pas évalués... au plus leur CV est mis en ligne, au pire les évaluateurs rendent des rapports anonymes ! Cela empêche de comparer le CV de l'évaluateur et de l'évalué... sans doute sur l'affirmation d'une gouvernance moderne. Mais passons (encore que...).
Dans cet entretien, M. Etienne KLEIN propose que l'on "ré-érotise" les sciences, l'entretien vaut donc le détour...
Une proposition m'intéresse spécialement, et je suis étonné que la formulant le mot recherche ne soit pas prononcé, mais celui de "découverte" l'est et, de fait, la recherche c'est bien mais les découvertes c'est mieux.
Voilà ce que dit notre collègue qui, avec cette idée, suggère la question de la créativité qui, à notre sens, échappe à l'ensemble du système éducatif alors qu'il en est la clé et l'avenir. Le professeur KLEIN dit ceci :
"Je suggère autre chose : qu’une fois l’an, depuis les classes primaires jusqu’au lycée (mais aussi dans les grandes écoles commerciales ou administratives qui forment nos élites !), l’un des professeurs raconte aux élèves une "histoire de science" de son choix, par exemple celle d’une découverte célèbre qu’il aura pris le temps d’étudier en détail : comment a-t-on compris que la terre est ronde ? Comment a-t-on obtenu la preuve de l’existence des atomes ? Le professeur devra expliquer comment les arguments se sont combattus, ce qui a fait que certains ont fini par convaincre… Cette démarche montrerait par des exemples concrets comment les démarches des scientifiques se construisent et produisent parfois de véritables chocs pour la pensée…"
Ces derniers mots invitent ainsi à mieux expliquer la recherche et les découvertes aux étudiants. Répéter des savoirs sans mettre en scène leur apparition est lassant pour tout auditoire. Ces mots invitent aussi à insister auprès des étudiants sur :
- ce qu'est la capacité de "découverte" (mot du Prof. KLEIN) qui tient autant à la rigueur de pensée qu'à la créativité, sachant que la créativité scientifique a son originalité (un mélange complexe de rébellion organisée, d'innovations maîtrisées, d'intuitions... autant de choses que la science juridique exclut catégoriquement à mon sens...) ;
- ce qu'est la recherche (celle des uns combat celle des autres, c'est le travail principal des universitaires, sur le papier).
La créativité est le mot clé et ignoré dans le système éducatif du CP au doctorat (à la maternelle je crois qu'il y a un espace pour...) : si on favorisait les créatifs au lieu de favoriser les administratifs, la science française dominerait le monde avec les budgets consacrés en France à l'éducation et à la science.
La créativité est purement ignorée, et spécialement par le système qui la stérilise. Cela tient également au pays, et aux mentalités. La France conservatrice, engluée dans ses protocoles et traditions, conformiste, souffre beaucoup de l'étouffement de la créativité, le milieu politique lui-même étant non-créatif par la contamination de deux populations au fond très conformistes : les ("hauts") fonctionnaires et les élus professionnels.
En droit, la créativité fait notamment défaut aux jeunes professionnels qui cherchent des solutions toutes prêtes et "finies" pour des problèmes souvent nouveaux. On parle alors pudiquement de la difficulté du passage à la pratique ; mais dans cette difficulté, il y a la difficulté de créer liée à l'absence de créativité, à l'absence de capacité à faire des découvertes juridiques (concept ignoré dans les facultés...) ; or la pratique a un grand besoin de créativité dans l'émission de nouvelles analyses, de nouveaux recours, de nouveaux contrats... lesquels n'existent pas.
La créativité est donc essentielle et le ministère pousse à... la professionnalisation (au sens de pratiques existantes). Et les étudiants tombent dans ce piège. A l'image de la France conservatrice.
Rien ne se crée et tout ou presque se perd !
C'est la raison pour laquelle nous avons si souvent défendu ici le doctorat : il est le creuset de la recherche (scientifique) et des découvertes (universelles), qu'elles concernent le domaine des sciences dures ou molles.
L'entretien de mon collègue Etienne KLEIN, avec son idée de cours sur la découverte, me pousse à publier ici dans les prochains jours, une note sur la créativité que j'aurais dû verser à un débat national que j'ai raté.
Entretien de educpros avec E. KLEIN
A suivre donc !
Le Pr. KLEIN a accordé un entretien où il raille avec délicatesse l'évaluation : tout est évalué, les professeurs, les élèves, les centres de recherches, les écoles doctorales, les diplômes, les Facs, les universités... On ajoutera, plus acide, que seuls les évaluateurs ne sont pas évalués... au plus leur CV est mis en ligne, au pire les évaluateurs rendent des rapports anonymes ! Cela empêche de comparer le CV de l'évaluateur et de l'évalué... sans doute sur l'affirmation d'une gouvernance moderne. Mais passons (encore que...).
Dans cet entretien, M. Etienne KLEIN propose que l'on "ré-érotise" les sciences, l'entretien vaut donc le détour...
Une proposition m'intéresse spécialement, et je suis étonné que la formulant le mot recherche ne soit pas prononcé, mais celui de "découverte" l'est et, de fait, la recherche c'est bien mais les découvertes c'est mieux.
Voilà ce que dit notre collègue qui, avec cette idée, suggère la question de la créativité qui, à notre sens, échappe à l'ensemble du système éducatif alors qu'il en est la clé et l'avenir. Le professeur KLEIN dit ceci :
"Je suggère autre chose : qu’une fois l’an, depuis les classes primaires jusqu’au lycée (mais aussi dans les grandes écoles commerciales ou administratives qui forment nos élites !), l’un des professeurs raconte aux élèves une "histoire de science" de son choix, par exemple celle d’une découverte célèbre qu’il aura pris le temps d’étudier en détail : comment a-t-on compris que la terre est ronde ? Comment a-t-on obtenu la preuve de l’existence des atomes ? Le professeur devra expliquer comment les arguments se sont combattus, ce qui a fait que certains ont fini par convaincre… Cette démarche montrerait par des exemples concrets comment les démarches des scientifiques se construisent et produisent parfois de véritables chocs pour la pensée…"
Ces derniers mots invitent ainsi à mieux expliquer la recherche et les découvertes aux étudiants. Répéter des savoirs sans mettre en scène leur apparition est lassant pour tout auditoire. Ces mots invitent aussi à insister auprès des étudiants sur :
- ce qu'est la capacité de "découverte" (mot du Prof. KLEIN) qui tient autant à la rigueur de pensée qu'à la créativité, sachant que la créativité scientifique a son originalité (un mélange complexe de rébellion organisée, d'innovations maîtrisées, d'intuitions... autant de choses que la science juridique exclut catégoriquement à mon sens...) ;
- ce qu'est la recherche (celle des uns combat celle des autres, c'est le travail principal des universitaires, sur le papier).
La créativité est le mot clé et ignoré dans le système éducatif du CP au doctorat (à la maternelle je crois qu'il y a un espace pour...) : si on favorisait les créatifs au lieu de favoriser les administratifs, la science française dominerait le monde avec les budgets consacrés en France à l'éducation et à la science.
La créativité est purement ignorée, et spécialement par le système qui la stérilise. Cela tient également au pays, et aux mentalités. La France conservatrice, engluée dans ses protocoles et traditions, conformiste, souffre beaucoup de l'étouffement de la créativité, le milieu politique lui-même étant non-créatif par la contamination de deux populations au fond très conformistes : les ("hauts") fonctionnaires et les élus professionnels.
En droit, la créativité fait notamment défaut aux jeunes professionnels qui cherchent des solutions toutes prêtes et "finies" pour des problèmes souvent nouveaux. On parle alors pudiquement de la difficulté du passage à la pratique ; mais dans cette difficulté, il y a la difficulté de créer liée à l'absence de créativité, à l'absence de capacité à faire des découvertes juridiques (concept ignoré dans les facultés...) ; or la pratique a un grand besoin de créativité dans l'émission de nouvelles analyses, de nouveaux recours, de nouveaux contrats... lesquels n'existent pas.
La créativité est donc essentielle et le ministère pousse à... la professionnalisation (au sens de pratiques existantes). Et les étudiants tombent dans ce piège. A l'image de la France conservatrice.
Rien ne se crée et tout ou presque se perd !
C'est la raison pour laquelle nous avons si souvent défendu ici le doctorat : il est le creuset de la recherche (scientifique) et des découvertes (universelles), qu'elles concernent le domaine des sciences dures ou molles.
L'entretien de mon collègue Etienne KLEIN, avec son idée de cours sur la découverte, me pousse à publier ici dans les prochains jours, une note sur la créativité que j'aurais dû verser à un débat national que j'ai raté.
Entretien de educpros avec E. KLEIN
A suivre donc !