Humanisme et raison juridique, #directdroit par Hervé CAUSSE

Du remarquable "Dictionnaire des biens communs", PUF Quadrige, 2017, dir. M. Cornu, F. Orsi et J. Rochfeld.



La recherche est parfois confondue avec une activité de reporting (sans délai SVP !) des news juridiques. Elle ne comporte ni explication du fond, encore moins du tréfonds, ni critique de l'objet en cause (arrêt, loi ou autre) et encore moins de dimension prospective annonçant les nouvelles notions, les principes sous l'effet d'érosions ou ceux qui subissent une poussée tectonique.

Quand vous tombe dans les mains un ouvrage qui est à 100 % "Pure Recherche", on est déboussolé (du reste au prix exceptionnel de 39 €, précision utile car il faudrait qu'il se vende... pour en avoir un seconde édition dans 5 ans).

Outre les directrices de l'ouvrage, ce sont de nombreux auteurs qui ont participé à l'ouvrage qui n'est pas purement juridique (enfin c'est l'inverse, il est purement juridique en ce sens qu'il incorpore les données sociales autres que la règle écrite, ce qui est une condition de la réalisation du droit).

On salue ce travail qui n'est plus celui d'une équipe mais d'une troupe.

Les passés, présents et perspectives des uns et des autres diffèrent. On note ainsi que le traitement des termes, expressions ou sujets varie sensiblement selon la qualification de l'auteur ; cela peut agacer quand vous vous attendez à un traitement juridique et qu'il ne l'est pas, ou que vous espérez une analyse économique d'un point juridique et que la présentation est juridique.

L'animal fait beaucoup espérer... Mais généralement il est profitable en obligeant à lire autre chose que du droit (pour nous juristes).

L'idéal serait que chacun considère au moins une autre discipline que la sienne, ne serait-ce que pour fixer les choses ; mais allez demander à un économiste de lire un juriste sur la monnaie, la régulation ou l'investissement... c'est au-dessus de ses convictions les plus profondes (on a coupé les Facultés de droit d'antan pour ne plus se parler... un économiste des années 30 était docteur en droit...). L'inverse est vrai : allez demander à un juriste de citer les économistes, sociologues ou gestionnaires...

Les différences se justifient, mais l'absence de liens non. L'ouvrage permet de faire ces rapprochements. Voilà à quoi ce dictionnaire, à travers ce thème des "communs" (une entrée de l'ouvrage), invite : à dépasser sa matière pour mieux y revenir.

Une théorie des biens communs ne peut qu'être interdisciplinaire pour s'imposer et participer au changement du monde.

Ce Dictionnaire des biens communs aurait pu s'appeler Dictionnaire critique des communs. Les directrices de l'ouvrage l'expliquent dans l'introduction. D'un point de vue fondamental, le mot critique pouvait évoquer le criticisme kantien, soit une révolution. Mais la langue courante étant ce qu'elle est, y compris chez les "scientifiques", il est probable que le mot critique aurait eu une connotation négative et peu de sens (la pensée de Emmanuel Kant ne s'y serait pas retrouvée).

L'ouvrage invite à réfléchir et à cerner la montée en puissance des "communs", des idées et des techniques qui contribuent à cette reconnaissance.

Dictionnaires des biens communs semble un choix acceptable ; à lui seul, le mot communs mobilisera tous les esprits susceptibles d'être intéressés. Nous vous laissons, nous allons de ce pas signaler plusieurs "termes" de ce beau Dictionnaire dans quelques-unes de nos pages...




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