Humanisme et raison juridique, #directdroit par Hervé CAUSSE

Ceux qui misent sur la disparition de l'Etat, les "contre-étatistes", et les autres, et les autres.



Ceux qui misaient sur la disparition de l'Etat étaient, naguère, des idéologues. Ce fait mis en perspective était annoncé comme le processus d'étapes analysées et construites. Ils reprenaient des thèses philosophiques et politiques complexes et savantes. La perspective était une voie inéluctable que la raison ne faisait que révéler pour un terme indétermnée.

Diverses catégories de personnes pensent désormais que l'Etat va fondre comme neige au soleil et, le souhaitant peu ou prou, ils agissent en ce sens, le cas échéant, délicatement. Ils codent ! Ils proposent ! Ils publient à la vue de tous - l'heure et l'heur des réseaux sociaux. Mais plus rien n'est construit. Ce sont des opinions en l'air, voire des pulsions basées sur le fait d'une certaine fatigue des Etats.

L'accès de nationalisme actuel est une réaction à cette tendance d'affaiblissement. Le nationalisme a des noms neufs sur tous les continents (Trump, Bolsonaro, Orban...). Cette réaction est un épiphénomène comparée au fait nationaliste qui ravagea le XXe siècle. Juste de quoi effaroucher quelques esprits délicats qui s'offusquent sur des notes d'éthique. Les Etats ne son pas tirés de cette période de relative mollesse.

Toujours est-il que le monde pourrait demain se diviser, outre cent clans, entre les étatistes et les "contre-étatistes", qu'ils veuillent code sans frontière, monétiser à tout-va ou tokéniser tout acte, biens ou actif qui passe par là.

On a pu avoir le sentiment que l'Etat s'effondrait dans un processus interne de délitement, de délabrement et . Cet effondrement est un fait, les organes étatiques, de la moindre commission au gouvernement, semblent parfois ne pas marcher et souvent mal marcher. Cela intervient alors que depuis 50 ans, au nom du commerce mondial, toutes les frontières ont été abaissées. Tel n'est plus le cas désormais, les frontières sont moins méconnues, de nouveau reconnues. La coque de l'Etat se refait. Les Etats se réveillent (image).

Les Etats pourraient donc parfaitement s'entendre pour se conserver.

Cette perspective renverse l'idée de la faiblesse des Etats. Elle résulte pour l'heure de leur politique traditionnelle de dialogue international - soit celui, généralement, de l'hypocrisie bien comprise. Les projets sont peu nombreux qui offrent de la substance. Les relations internationales pourraient demain changer de nature si la préservation de chaque Etat réalise qu'il doit oeuvrer pour sauver le modèle étatique.

Tout accord inter-étatique pourrait donc avoir pour trame, plus qu'hier, encore que ce ne fût jamais absent, que les Etats se renforcent mutuellement, voire se sauvent ! Cette remarque naïve

Au plan social, les esprits anti-étatiques pourraient rencontrer, dans les décennies à venir, plus de résistance qu'ils ne pensent du côté de l'Etat westphalien. Il ne mourra pas sans résister. Il est tissé dans la croyance profonde des Républiques, Royaumes, Unions... Les citoyens croient dans ses formes sociales que se soient par les modalités de la forme démocratique ou aristocratique ou socialiste ou autoritariste.

La nationalisme cordial pourrait ainsi lutter contre la globalisation de toutes les secondes, les réseaux informatiques transnationaux, les échanges qui survolent les frontières, les personnes qui traversent les mers, les idées, images et informations qui naviguent d'un pôle à l'autre...

L'affaiblissement des Etats est réel car ils sont lents avec des idées rigides, juridiques, difficilement modifiables, le juriste mesure cette lourdeur plus que quiconque ; en face, les réseaux, le nouveau monde, sont à toute minute mouvants qui jouent sur l'intelligence collective (ou la bêtise collective, mise pareillement en data) et hyper-capitalisée.

La puissance nouvelle de ces magmas numériques fait prédire que, incarnation nouvelle de l'entreprise, de la liberté et de l'argent, ils gagneront la partie pour avoir déjà conquis le monde. A notre sens, rien n'est fait.

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