A la Fac aussi, c'est bien la rentrée ! Quelques conseils (Partie 2)



A la Fac aussi, c'est bien la rentrée ! Quelques conseils (Partie 2)
Ce qui manque le plus aux étudiants c'est la force, l'envie, l'énergie et les pouvoirs publics manquent du courage de le leur dire.

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L'observation n'ignore pas le découragement que peut susciter le chômage, ni les graves difficultés des étudiants qui travaillent pour financer leurs études, et qui ont juste les moyens de payer leur logement et restaurant universitaire (le fameux RU, enfin fameux...). Mais ce n'est pas toujours ces étudiants qui sont le moins impliqués...

On passera, dans ce petit mot destiné à donner du courage aux étudiants, sur la pierre angulaire qui est de maîtriser les cours. C'est aujourd'hui facilité tant il existe, dans de nombreuses matières, de "petits livres" qui résument les enseignements - mais méfiez-vous car les cadres essentiels ne donnent pas la capacité de raisonnement indispensable à la rédaction d'une copie (quel que soit l'exercice : on demande toujours un raisonnement).

Au-delà de la question du cours à suivre, à lire, à voir... on conseillera également à TOUS les étudiants de relire une introduction au droit, trop d'étudiants croient pouvoir progresser en droit sans bien connaître les sources du droit, le système judiciaire, la problématique de la preuve, les principes de raisonnement pour interpréter un texte... Et trop d'examens les confortent en demandant seulement le cours. On se retrouve ainsi avec des diplômés qui ne comprennent rien à leur matière. Sinon, on conseillera aux étudiants de travailler leur capacité à l'expression (I), de diversifier leurs lectures (II) et d'assimiler les types d'exercices (III).


Votre expression


Le premier point est celui du français ou, si vous préférez, de l'expression écrite et orale. Le juriste est appelé, dans la plupart des professions qu'il est susceptible d'exercer, d'avoir à s'exprimer par écrit et à l'oral. Tout étudiant doit méditer cela et apprendre à maîtriser ces deux techniques. Les diplômes en droit ne servent à rien si vous ne savez pas réellement écrire... et si votre expression orale est maladroite (pauvre en vocabulaire, peu nuancée, truffée de tics de langage, ou de formules du moment...).

Dans cette exigence, le smarphone n'est pas plus l'ennemi des études que la moindre distraction : en un quart d'heure de transport en commun vous pouvez lire le dernier arrêt relatif au nom de famille, à la condition suspensive, à la résiliation du bail, à la cessation de paiement... Si vous voulez écrire et parler "droit", il faut lire des textes juridiques et les prendre en modèle !

A ce propos, et pour vous montrer que votre marge de progression est grande : comment expliquer que les étudiants recopient souvent le sujet en le déformant, en l'amputant ou en faisant des fautes qui n'y sont pas ?! Comment expliquer qu'ils fassent pareil avec un mot de la loi qui est dans le code et dans l'article qu'ils ont à commenter ? Dois-je ajouter que je n'enseigne au plus bas qu'en "licence 3" ?

Vos lectures

Le second point est la lecture. Le droit est une littérature et celui qui ne lit pas régulièrement n'acquiert ni la culture ni l'art juridique. Suivre les cours et faire bien ses TD ne suffit pas. Le diplômé "ordinaire" n'a selon moi aucun avenir en droit, sauf s'il arrive à tromper son employeur sur son véritable niveau. Naturellement, face à un directeur des affaires juridiques, qui pratique un entretien d'embauche déjà juridique, celui qui n'a pas lu durant ces années d'études sera vite pris en défaut. Il brandira en vain son ou ses diplômes.

Vos exercices

Le troisième point est la méthode qu'il faut pratiquer sur une matière que l'on connaît, sinon il est impossible de progresser en méthode. La méthode est assez unitaire car, la plupart du temps, il s'agit de commenter. Le commentaire de loi (de texte normatif) ou de décisions de justice est l'acte fondateur. Etre juriste c'est justement et principalement comprendre les sources du droit ! Y compris lorsque l'étudiant est appelé à disserter (la fameuse dissertation !). Pour éviter ces difficultés, on réduit parfois ces exercices à la "question de cours" : cela permet d'augmenter les taux de réussite aux examens, préoccupation qui semble parfois occulter la qualité et la signification même du diplôme.

Employeurs et membres de jury de concours ne sont pas trompés par ces étudiants qui ont appris sans rien assimiler, sans en réalité rien comprendre. En quelques questions, ou plutôt réponses, il débusque le juriste maladroit qui a acquis des connaissances sans réelle maîtrise (le mot s'entend mieux). Il distingue celui qui parle sans structurer son propos en règle générale/exception, en principe:dérogation, en règle civile/règle commerciale, en conditions de validité de l'acte/effets de l'acte. S'exercer suppose de connaître du droit et, connaître du droit exige de la méthode pour classer ce savoir. Cet étudiant ne pourra pas valoriser son diplôme dans le secteur juridique, lequel diplôme ne vaudra que comme culture juridique.

Parmi les exercices que l'on pourrait davantage pratiquer, et auquel les étudiants peuvent s'exercer, celui du commentaire de contrat est à la fois commode et pratique. Commode parce que les clauses donnent une matière déjà ordonnée (si le contrat est bien écrit...) et parce qu'il présente une scène de la vie (économique, sociale, familiale...). L'exercice complémentaire, et qui découle du commentaire (encore un commentaire de texte) de contrat, c'est la rédaction de clauses. L'exercice, parfois mené en 5e année, traduit alors le niveau réel des étudiants dans leur matière.

Etudiants de toutes les années lisez des contrats ! Des actes juridiques ! N'attendez pas qu'on vous le propose en cours : chaque jour vous avez devant le nez une convention, un acte, un contrat, des conditions générales...

Il n'y a pas meilleur cours magistral que celui qui invite les étudiants à sortir leur chéquier de leurs sacs et portefeuilles pour examiner une formule de chèque. Le droit c'est cela : examiner des pièces et des actes (et le chèque est un acte juridique !).

Il n'y a pas de doutes au vu du sérieux de mon ton : à la Fac aussi, c'est la rentrée ! C'est donc le temps des bonnes résolutions qui doit finalement passer par le temps personnel passé aux études (lequel doit être substantiel). Une seule vaut : travailler sérieusement, c'est-à-dire en profondeur.


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