Le bel essai "cantique de la critique" d'Arnaud Viviant (La Fabrique éditions, 2021) intéressera ce qu'on peut appeller "la chaine du livre" : des milliers de personnes. Dans cette filière il se peut que l'on ne pense guère aux lendemains parce que l'argent ruisselle ou que les affaires marchent pas mal. D'aucuns peuvent y concevoir que le Critique gêne plus qu'il n'apporte, erreur.
Il faut savoir vivre avec ceux qui, comme l'auteur, aiment tellement un domaine qu'ils s'y adonnent corps et biens, dans l'indépendance utile au regard critique. Le juriste peut noter, ou se rappeler, que la doctrine juridique (ô célèbre Doctrine) a pour premier magistère l'analyse critique - et non le reporting d'actualité au profit de quelques éditeurs. Cette comparaison sied à ce blog. La doctrine existe quand elle est indépendante et exerce ainsi sa Critique sans le poids de l'argent ou des institutions. Le juriste – celui qui lit, celui qui écrit – méditera utilement sur ce point.
A plusieurs reprises, la Critique littéraire examinée dans l'essai suggère la critique que l'universitaire doit à tous : indépendante, sincère, transparente voire claire (intelligible) et..., aussi, objective et scientifique. Sur ces derniers points il y a une composante qui varie. Le bel essai cantique de la critique est donc pour nous, un Cantique de la Critique. Arnaud Viviant mérite qu'on rectifie ces deux termes auxquels, avec maestria, il donne des lettres majuscules.
L'essai assène que le Critique n'est pas le VRP des éditeurs ou des auteurs. L'expression "chroniqueur littéraire" méritant discussion car elle est, selon moi, susceptible d'affadir cette idée cardinale. Le Critique n'est pas un vendeur, un prescripteur ou un placier (de VRP : Voyageur Représentant Placier). Il exerce un magistère d'un autre ordre, supérieur, et tous les métiers de la filière du livre devraient bien le comprendre. L'empêcheur de tourner en rond oblige à l'élévation quand tout le reste pousse au surfaçage inutile.
"La Critique" est raillée, chamaillée, étrillée en retour de sa propre œuvre, mais la Critique existe et subsiste ! La Critique ouvre des débats là où il n'y en aurait pas si l'on suivait le vent du moment, celui du marketing auxquels les libraires se livrent (...) rappelle l'auteur. La Critique vit, mais mal dit l'essayiste, et c'est entre autres pour cela qu'il écrit. Il faut l'aider dans cette entreprise, aider la Critique, qui est en vérité d'intérêt général.
Les Critiques qui connaissent la littérature, ses courants, ses formes, son histoire, ses centaines d'auteurs et parfois ses secrets exercent un mission d'intérêt général quand ils indiquent qu'un ouvrage, que l'actualité célèbre, est fondamentalement peu sinon rien ! La Critique dénonce le vide et les contrefaçons, sinon les contrefacteurs. Plus profondément, la Critique empêche, ici comme ailleurs, que le débile, l'idiot et le stupide puissent devenir la dominante de la société ! Que le banal, le plat et l'ordinaire puissent régner !
La Critique intransigeante (pléonasme) défend l'innovation - littéraire ou l'art de renouveler un genre ou de le porter à son acmé. Ainsi, et aussi floue soit-elle (qui est la Critique comme qui est la Doctrine ?), la référence joue. La formule "un ouvrage salué par la Critique" (indépendante entend-on) pèse, encore qu'elle soit d'un poétique vague. Dans son intérêt, car la Critique, en général, malgré ses erreurs ou excès, ou vengeances mesquines, donne de la hauteur, de la grandeur.
La Critique littéraire sert donc fondamentalement à éclairer le public, encore que le Critique, sans statut officiel, puisse être plus subjectif qu'un autre critique, moins réservé voire moins rigoureux. Néanmoins, le Critique ne peut pas faiblir sur tout cela et sa recherche d'objectivité, son soupçon de réserve ou son effort de rigueur importeront. Le Critique (littéraire) ne serait sinon plus en mesure d'assumer sa mission, au demeurant fort lourde : lire 200 livres par an... respect !
Un simple juriste apprécie mal l'entier contexte. L'ouvrage le marque néanmoins par plusieurs idées et propos, alors surtout que la langue viviantesque est souvent belle, souvent rieuse. Il y a une plume dans la main de Viviant et elle n'écrit pas du gras ou du creux. La formule sert toujours le fond unissant le beau et l'utile.
L’idée la plus marquante est que le Critique indépendant n'est plus aujourd'hui porté par personne quand il devrait l'être par tous. Pour ma part, je sais gré aux Critiques de leurs analyses qui font vivre la littérature en synthèses et, à mon sens, au long cours – notamment en suivant des auteurs.
Même le désaccord éclaire. Par exemple, en dernier lieu, je rejoins diverses positions réservées sur "Klara et le soleil" du prix Nobel Ishuguro (livre tenu par Viviant comme un chef-d'œuvre). Que ce roman ne fasse pas une Critique unanime me donne un repère, m'apprend, m'instruit, m'éclaire... Et la voix dissonante me fait voir l'œuvre par un angle de vue précieux (l'intention initiale de l'auteur d'un ouvrage pour la jeunesse).
La Critique est parfois (dite) unanime, ou sinon divisée, Arnaud Viviant indique cette alternative un peu raide et réductrice. La même réalité et réduction s'observe avec la Doctrine juridique que, pareillement, on dit trop facilement unanime ou divisée*. Cette simplification ne doit pas tromper : un peu d'attention et de recherche révèlera dans tous les cas des critiques nuancées, des paroles différentes : richesse.
Le fait est néanmoins que, lorsque les très grands professionnels applaudissent assez largement un ouvrage, on peut penser qu'il y a du "lourd" (ai-je osé ?). Sans doute ce phénomène peut-il être dénié quand on songe à ce lecteur qui, Viviant en traite, employé chez l'éditeur, est capable par son flair de trouver le livre qui fera mouche alors qu'il échappe aux canons et codes du moment. Mais ce lecteur est fondamentalement (mot commode) un Critique, un Critique minoritaire qui annoncera que le vent va tourner.
Néanmoins, la grande Critique, indépendante et intransigeante, qui lit des centaines de livres par ans, permet de dialoguer avec des esprits littéraires supérieurs qui guident. Sur un ouvrage. Sur un style. Sur une forme. Sur un genre. Sur un sujet, sujet social ou autre, sur son évolution. Sur une personnalité (l'auteur ou une autre). Je vois aujourd'hui l'immensité de la tâche accomplie !
Je dis merci la Critique. J'apprends.
Ainsi, le mélange de l'art littéraire (classique) et de l'art de la Critique m'a surpris : les deux formes peuvent se recouper (y compris avec les autres formes, récits ou autofictions). A nouveau, cela rappelle la Doctrine quand un auteur retaille le papier d'un autre qui s'est égaré : la critique doctrinale vaut composition juridique (le bon ton du moment évite la chose... le commerce exige d'avoir de bonnes relations avec tout le monde, le juge, les avocats, les collègues, les notaires, la presse, le gouvernement, les régulateurs...). Voilà donc que l'exercice Critique peut susciter une sorte de mayonnaise entre romans, récits, critiques et autres.
J'ai cru apprendre ces dernières années que l'on ne savait pas ce qu'était la philosophie, un philosophe... On semble ne pas mieux savoir ce qu'est un roman (il va me falloir sortir quelques thèses de littérature) ce qui secoue la littérature. Viviant le confirme avec son angle à la fois ouvert, tolérant, et cependant légèrement ferme. Intéressant : on pourrait y trouver (à voir !) un indice supplémentaire de la révolution épistémologique qui se profile (allusion coupable à une recherche complexe) tissée dans le mélange inédit, avant la fin du siècle, de divers arts et sciences. Passons.
La Critique ne sait peut-être pas parfois ce qu'elle critique, elle saura cependant dire si c'est bon ou pas (sait-on toujours ce que l'on a dans son assiette ?).
La Critique faite par des gens intéressants et non intéressés a également la vertu d'en dire sur la réussite, une grande réalité de la société. Les gens ne veulent plus vivre, ils veulent réussir ! L'exercice littéraire du roman plat vendu à des millions d'exemplaires est connu : l'auteur aura réussi. Eh bien... à voir ! La Critique le dit : elle dit qu'une réussite n'est pas une réussite. La Critique opère le cas échéant à l'inverse du public, de la croyance populaire et du marché, à tel point qu'elle peut dire une réussite qui n'est pas. La Critique opère parfois en régulateur de la folie du marché, soit parce qu'un livre se vend sans bonne raison, soit parce qu'un autre est méconnu en toute déraison.
La Critique n'infléchit pas le fait immédiat, raillée e étrillées elle est ici balayée et ne sert alors que le long terme ; elle prépare l'Histoire.
Il se pourrait qu'elle ne devienne qu'un mince fil peu visible, mais doutons de la voir disparaître. Le magma informe du moment peut la faire imaginer en point irrésistible triomphant des titans économiques transnationaux et des masses populaires mal réunies. Quand, dans un phénomène ahurissant que l'auteur l'indique, il y aurait aujourd'hui presque davantage de romanciers que de lecteurs, on voit surgir la Critique. Elle peut signaler la propension exagérée à voir tout le monde prétendre écrire... Habituée à ausculter et passer au tamis mille livres, à apprécier, sans intérêt sinon que celui à et de la littérature, elle peut lancer avec crédit les alertes utiles. Qui d'autres sinon ?
Nous ne savons pas restituer les riches citations et réflexions qu'il faut lire, et sans doute relire. En tout cas, cet essai avertit du danger de voir disparaître la Critique avec plusieurs notes émouvantes et parfois poétiques. Arnaud Viviant touche sa cible et, par une analyse parfois très libre, il touche aussi les cœurs. Il satisfait le vœu de Baudelaire souhaitant que la critique soit amusante et poétique, mais encore partiale (je nuancerais en ajoutant "le cas échéant"), politique et passionnée. Baudelaire aurait probablement apprécié cet essai qui réunit ces qualités et qui, à force d'user des plumes, réserve des paragraphes émouvants.
Il eût été possible d'emprunter cinq ou six phrases parmi tant d'autres qui valent le détour, le propos a tourné autrement qui vous offre de vous les laisser découvrir : à vous de lire !
A vous de soutenir la Critique, concrètement.
Vive la Critique !
Il faut savoir vivre avec ceux qui, comme l'auteur, aiment tellement un domaine qu'ils s'y adonnent corps et biens, dans l'indépendance utile au regard critique. Le juriste peut noter, ou se rappeler, que la doctrine juridique (ô célèbre Doctrine) a pour premier magistère l'analyse critique - et non le reporting d'actualité au profit de quelques éditeurs. Cette comparaison sied à ce blog. La doctrine existe quand elle est indépendante et exerce ainsi sa Critique sans le poids de l'argent ou des institutions. Le juriste – celui qui lit, celui qui écrit – méditera utilement sur ce point.
A plusieurs reprises, la Critique littéraire examinée dans l'essai suggère la critique que l'universitaire doit à tous : indépendante, sincère, transparente voire claire (intelligible) et..., aussi, objective et scientifique. Sur ces derniers points il y a une composante qui varie. Le bel essai cantique de la critique est donc pour nous, un Cantique de la Critique. Arnaud Viviant mérite qu'on rectifie ces deux termes auxquels, avec maestria, il donne des lettres majuscules.
L'essai assène que le Critique n'est pas le VRP des éditeurs ou des auteurs. L'expression "chroniqueur littéraire" méritant discussion car elle est, selon moi, susceptible d'affadir cette idée cardinale. Le Critique n'est pas un vendeur, un prescripteur ou un placier (de VRP : Voyageur Représentant Placier). Il exerce un magistère d'un autre ordre, supérieur, et tous les métiers de la filière du livre devraient bien le comprendre. L'empêcheur de tourner en rond oblige à l'élévation quand tout le reste pousse au surfaçage inutile.
"La Critique" est raillée, chamaillée, étrillée en retour de sa propre œuvre, mais la Critique existe et subsiste ! La Critique ouvre des débats là où il n'y en aurait pas si l'on suivait le vent du moment, celui du marketing auxquels les libraires se livrent (...) rappelle l'auteur. La Critique vit, mais mal dit l'essayiste, et c'est entre autres pour cela qu'il écrit. Il faut l'aider dans cette entreprise, aider la Critique, qui est en vérité d'intérêt général.
Les Critiques qui connaissent la littérature, ses courants, ses formes, son histoire, ses centaines d'auteurs et parfois ses secrets exercent un mission d'intérêt général quand ils indiquent qu'un ouvrage, que l'actualité célèbre, est fondamentalement peu sinon rien ! La Critique dénonce le vide et les contrefaçons, sinon les contrefacteurs. Plus profondément, la Critique empêche, ici comme ailleurs, que le débile, l'idiot et le stupide puissent devenir la dominante de la société ! Que le banal, le plat et l'ordinaire puissent régner !
La Critique intransigeante (pléonasme) défend l'innovation - littéraire ou l'art de renouveler un genre ou de le porter à son acmé. Ainsi, et aussi floue soit-elle (qui est la Critique comme qui est la Doctrine ?), la référence joue. La formule "un ouvrage salué par la Critique" (indépendante entend-on) pèse, encore qu'elle soit d'un poétique vague. Dans son intérêt, car la Critique, en général, malgré ses erreurs ou excès, ou vengeances mesquines, donne de la hauteur, de la grandeur.
La Critique littéraire sert donc fondamentalement à éclairer le public, encore que le Critique, sans statut officiel, puisse être plus subjectif qu'un autre critique, moins réservé voire moins rigoureux. Néanmoins, le Critique ne peut pas faiblir sur tout cela et sa recherche d'objectivité, son soupçon de réserve ou son effort de rigueur importeront. Le Critique (littéraire) ne serait sinon plus en mesure d'assumer sa mission, au demeurant fort lourde : lire 200 livres par an... respect !
Un simple juriste apprécie mal l'entier contexte. L'ouvrage le marque néanmoins par plusieurs idées et propos, alors surtout que la langue viviantesque est souvent belle, souvent rieuse. Il y a une plume dans la main de Viviant et elle n'écrit pas du gras ou du creux. La formule sert toujours le fond unissant le beau et l'utile.
L’idée la plus marquante est que le Critique indépendant n'est plus aujourd'hui porté par personne quand il devrait l'être par tous. Pour ma part, je sais gré aux Critiques de leurs analyses qui font vivre la littérature en synthèses et, à mon sens, au long cours – notamment en suivant des auteurs.
Même le désaccord éclaire. Par exemple, en dernier lieu, je rejoins diverses positions réservées sur "Klara et le soleil" du prix Nobel Ishuguro (livre tenu par Viviant comme un chef-d'œuvre). Que ce roman ne fasse pas une Critique unanime me donne un repère, m'apprend, m'instruit, m'éclaire... Et la voix dissonante me fait voir l'œuvre par un angle de vue précieux (l'intention initiale de l'auteur d'un ouvrage pour la jeunesse).
La Critique est parfois (dite) unanime, ou sinon divisée, Arnaud Viviant indique cette alternative un peu raide et réductrice. La même réalité et réduction s'observe avec la Doctrine juridique que, pareillement, on dit trop facilement unanime ou divisée*. Cette simplification ne doit pas tromper : un peu d'attention et de recherche révèlera dans tous les cas des critiques nuancées, des paroles différentes : richesse.
Le fait est néanmoins que, lorsque les très grands professionnels applaudissent assez largement un ouvrage, on peut penser qu'il y a du "lourd" (ai-je osé ?). Sans doute ce phénomène peut-il être dénié quand on songe à ce lecteur qui, Viviant en traite, employé chez l'éditeur, est capable par son flair de trouver le livre qui fera mouche alors qu'il échappe aux canons et codes du moment. Mais ce lecteur est fondamentalement (mot commode) un Critique, un Critique minoritaire qui annoncera que le vent va tourner.
Néanmoins, la grande Critique, indépendante et intransigeante, qui lit des centaines de livres par ans, permet de dialoguer avec des esprits littéraires supérieurs qui guident. Sur un ouvrage. Sur un style. Sur une forme. Sur un genre. Sur un sujet, sujet social ou autre, sur son évolution. Sur une personnalité (l'auteur ou une autre). Je vois aujourd'hui l'immensité de la tâche accomplie !
Je dis merci la Critique. J'apprends.
Ainsi, le mélange de l'art littéraire (classique) et de l'art de la Critique m'a surpris : les deux formes peuvent se recouper (y compris avec les autres formes, récits ou autofictions). A nouveau, cela rappelle la Doctrine quand un auteur retaille le papier d'un autre qui s'est égaré : la critique doctrinale vaut composition juridique (le bon ton du moment évite la chose... le commerce exige d'avoir de bonnes relations avec tout le monde, le juge, les avocats, les collègues, les notaires, la presse, le gouvernement, les régulateurs...). Voilà donc que l'exercice Critique peut susciter une sorte de mayonnaise entre romans, récits, critiques et autres.
J'ai cru apprendre ces dernières années que l'on ne savait pas ce qu'était la philosophie, un philosophe... On semble ne pas mieux savoir ce qu'est un roman (il va me falloir sortir quelques thèses de littérature) ce qui secoue la littérature. Viviant le confirme avec son angle à la fois ouvert, tolérant, et cependant légèrement ferme. Intéressant : on pourrait y trouver (à voir !) un indice supplémentaire de la révolution épistémologique qui se profile (allusion coupable à une recherche complexe) tissée dans le mélange inédit, avant la fin du siècle, de divers arts et sciences. Passons.
La Critique ne sait peut-être pas parfois ce qu'elle critique, elle saura cependant dire si c'est bon ou pas (sait-on toujours ce que l'on a dans son assiette ?).
La Critique faite par des gens intéressants et non intéressés a également la vertu d'en dire sur la réussite, une grande réalité de la société. Les gens ne veulent plus vivre, ils veulent réussir ! L'exercice littéraire du roman plat vendu à des millions d'exemplaires est connu : l'auteur aura réussi. Eh bien... à voir ! La Critique le dit : elle dit qu'une réussite n'est pas une réussite. La Critique opère le cas échéant à l'inverse du public, de la croyance populaire et du marché, à tel point qu'elle peut dire une réussite qui n'est pas. La Critique opère parfois en régulateur de la folie du marché, soit parce qu'un livre se vend sans bonne raison, soit parce qu'un autre est méconnu en toute déraison.
La Critique n'infléchit pas le fait immédiat, raillée e étrillées elle est ici balayée et ne sert alors que le long terme ; elle prépare l'Histoire.
Il se pourrait qu'elle ne devienne qu'un mince fil peu visible, mais doutons de la voir disparaître. Le magma informe du moment peut la faire imaginer en point irrésistible triomphant des titans économiques transnationaux et des masses populaires mal réunies. Quand, dans un phénomène ahurissant que l'auteur l'indique, il y aurait aujourd'hui presque davantage de romanciers que de lecteurs, on voit surgir la Critique. Elle peut signaler la propension exagérée à voir tout le monde prétendre écrire... Habituée à ausculter et passer au tamis mille livres, à apprécier, sans intérêt sinon que celui à et de la littérature, elle peut lancer avec crédit les alertes utiles. Qui d'autres sinon ?
Nous ne savons pas restituer les riches citations et réflexions qu'il faut lire, et sans doute relire. En tout cas, cet essai avertit du danger de voir disparaître la Critique avec plusieurs notes émouvantes et parfois poétiques. Arnaud Viviant touche sa cible et, par une analyse parfois très libre, il touche aussi les cœurs. Il satisfait le vœu de Baudelaire souhaitant que la critique soit amusante et poétique, mais encore partiale (je nuancerais en ajoutant "le cas échéant"), politique et passionnée. Baudelaire aurait probablement apprécié cet essai qui réunit ces qualités et qui, à force d'user des plumes, réserve des paragraphes émouvants.
Il eût été possible d'emprunter cinq ou six phrases parmi tant d'autres qui valent le détour, le propos a tourné autrement qui vous offre de vous les laisser découvrir : à vous de lire !
A vous de soutenir la Critique, concrètement.
Vive la Critique !