"La finance d'Etat à la française fait encore école en Afrique" (Les Echos, 30 sept. 1er oct. 2016, p. 31, par Sharon Wajsbrot)



"La finance d'Etat à la française fait encore école en Afrique" (Les Echos, 30 sept. 1er oct. 2016, p. 31, par Sharon Wajsbrot)
Une fois n'est pas coutume on reprend un intitulé d'article pour le signaler. Il rappelle en creux la question bancaire en Afrique, ou plutôt l'un de ses aspects (ce qui peut notamment inspirer nombre d'étudiants car le secteur est porteur de projets numériques très modernes).

L'article suggère un sujet vaste et l'auteur l'évoque seulement à travers le modèle d'un caisse publique, celui de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Le modèle de la CDC nous a retenu sans nous faire oublier de présenter aussi le Groupe BPI ou encore l'Agence française pour le développement (Droit bancaire et financier, éd. Mare et Martin, 2016, n° 141 à 146, et sur la BPI : n° 148 à 150, et sur l'AFD, n° 124) que Sharon Wajsbrot évoque.

La vaste sujet suggéré est celui de l'organisation du financement de l'économie, ce que les juristes appellent de façon réductrice le droit bancaire. Malgré la création de la BPI, on ne peut pas dire que le modèle bancaire français fasse l'objet de réflexions intéressantes et encore moins de projets.

Sur la terre des banques (i. e. des établissements de crédit), on en serait même à se demander (pas nous) ce qu'est cette institution.

Sur le terrain des banques coopératives, le dossier semble fermé, alors même que le modèle de l'organe central devra un jour ou l'autre être rediscuté. Il faudra leur redonner à ces banques nées dans le pragmatisme des terroirs un peu de fluidité et de créativité.

Ici la main est à Bruxelles, là pas forcément.

Quant au modèle purement public, le modèle de "finance d'Etat" du style CDC ou même BPI est moins qu'une terre une île, au mieux un petit archipel.

Mais gageons qu'en Afrique, où l'on sait mieux qu'ailleurs la valeur d'un euro ou d'un franc (CFA), ce modèle public puisse permettre quelques initiatives... dans le micro-crédit par exemple ?!

L'article évoque des projets africains inspirés de la CDC visant donc à centraliser des dépôts dans certains pays (Congo, Côte d'Ivoire, Burkina Faso). Il s'agit, en reprenant le modèle français, qu'un établissement, national et public, obtiennent le droit de voir certains dépôts bancaires éparpillés lui être obligatoirement (re)déposés. Ainsi financé, l'institution nationale pourrait à son tour financer des projets publics ou d'intérêt général. Autant dire que l'institution devra être au-dessus de tout soupçon de mauvaise gestion ou de parti-pris, et certains africains pourraient imaginer que les grandes banques capitalistes resteront les meilleurs partenaires financiers des entreprises.

L'article signale ensuite l'internationalisation commencée de la CDC, mais la République financière qui s'exporte pourra surprendre. Certes ici l'argent ne manque pas réellement, et l'on sait bien que, comme le même journal l'indiquait il y a quelques semaines : "Croissance des entreprises : le crédit ne peut pas tout" (Les Echos, 1er juin 2016, p. 31, par Edouard Lederer). Bref, il faut des projets, et des projets audacieux et utiles. Et pour l'innovation il faut nombre d'ingénieurs ou, au moins, des esprits ingénieux : la politique en ce domaine demande souvent à être précisée... Quelle politique éducative a jamais incité à la créativité ?

Voilà qui dit là où le banquier et les banques vivront sur des contrées sans jamais risquer d'être ubérisés : l'analyse de projets par des banquiers qui soient des hommes d'affaires qui permettent à d'autres d'en faire, en se détournant des activités de marché (voyez les malheurs de la Deutsche Bank). Si vous voulez de belles banques, publiques ou pas, il faut les financer, certes, mais aussi les voir fonctionner avec des hommes d'affaires qui restent sur leur ligne, font leur métier : allouer l'argent aux meilleurs projets voire savoir les faire surgir un par un ou en séries !

Banquier, c'est un métier, et quel beau métier !

Voilà qui est à méditer ici, en Afrique et sans doute ailleurs.



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