L'écriture d'une thèse, c'est évidemment pas de vacances pendant 3 ans... Il y a une mésentente entre l'Université et les doctorants : on ne peut pas faire de la recherche en étant aux 35 heures...
La thèse c'est une recherche nécessairement passionnée, totalement prenante et exclusive de toute autre passion ou activité en vérité. Disons qu'une activité annexe qui montre un peu de pratique est tout de même utile (pour déniaiser le candidat sur la pratique, fût-elle de l'enseignement, et pour qu'il ne devienne pas fou en 24 mois).
Le doctorant a, durant la thèse, une nouvelle mère, une nouvelle soeur, une nouvelle petite amie, une nouvelle famille... c'est la thèse ! Et la thèse est un membre de la famille encombrant. Du candidat elle doit occuper tout son temps, occuper tout son esprit et occuper toutes ses pensées.
Et la vraie famille (famille-famille, famille-copain...) vous le fait sentir :
"oh c'est trop long !", "et tu auras quoi avec ta thèse ?", "bon c'est quand que tu finis d'être étudiant", "tu crois que tu as eu raison de t'engager dans une thèse", "ça fait combien de temps que tu y es ?", "avec une thèse tu gagneras plus ?".
La thèse rend intelligent le candidat, en général pas ses proches... Enfin, la thèse rend aussi idiot l'auteur, persuadé que son sujet va changer le monde et submergé de fiertés mal placées. C'est la vie...
La thèse est un exercice inhumain et, en cela passionnant.
C'est (principalement) un exercice d'écriture pour nombre de disciplines, et souvent de pure écriture (mais on gagne à discuter avec des gens du domaine étudié ou même à les enquêter...) ; on apprend véritablement à écrire avec la thèse. Si l'on n'est pas vaniteux et imbus de sa personne, on refera ce chemin d'apprentissage plusieurs fois dans sa vie professionnelle (cela vaut pour les 5 % dont le métier devient l'écriture). En cessant d'écrire, à l'inverse, au lieu de progresser, on régresse !
Inhumaine thèse... raison pour laquelle nombre d'universitaires ne veulent pas diriger de thèse. C'est une responsabilité écrasante (enfin, elle écrase certains directeurs de thèse...). Inhumaine !
C'est qu'il s'agit d'aller au bout de vos capacités intellectuelles et souvent physiques. Au bout de vos capacités psychiques - tenir bon jusqu'après la soutenance. Certains du reste, franchissant leurs limites, ne s'en remettent pas, on peut dire que la thèse les rend fous ou folles. Y compris parmi ceux qui font une carrière universitaire et qui ont donc fait une bonne recherche.
La thèse est un miroir grossissant pour vos faiblesses et rétrécissant pour vos qualités.
Ce propos est-il radical ? Oui. Parce que tel est le cas. La thèse exclut une vie normale, et ce quel que soit le mode de financement de l'intéressé pendant cette période.
Ceux qui veulent avoir une vie normale pendant la thèse échouent : ou bien ils font une thèse plate et creuse (est-ce possible ?). Réussir sans réussir, oui c'est possible. Dans un monde où l'illusion domine la scène, une très mauvaise thèse peut quand même vous servir.
La thèse est un exercice (d'écriture) difficile, pourquoi ?
La thèse ne semble être que ce mémoire de 80 / 100 pages, à multiplier par 4, pour atteindre 400 pages. Eh bien non, il y a une multiplication des difficultés, à laquelle il faut se confronter. Les 10 ou 12 difficultés du mémoire sont à la puissance 10.
120 difficultés à gérer, ce n'est pas 12 !
Nombre de candidats à la thèse sont obligés de renoncer, ils ne s'en sortent pas. Ils se noient. Dans les auteurs. Dans les décisions de justice. Dans les lois anciennes, nouvelles et futures. Ils se noient en plein coeur de leur plan ou de leurs idées qui les absorbent tout entier comme un trou noir avale les galaxies... Certains s'en sortent mais sans prendre la hauteur utile, à jamais ils raseront les pâquerettes. Si vous n'apprenez pas la hauteur dans ses moments et à l'aide du directeur de thèse, c'est fichu pour vous.
La compassion fera parfois soutenir des thèses très modestes... le système universitaire peut l'admettre et le tolérer, à petite dose. Il n'y a pas besoin de lois, de décrets ou de vote dans l'Université. Seuls les universitaires peuvent parfois accepter, pour l'honneur de tous, qu'un travail très moyen devienne officiellement une thèse. De toute façon, personne ne lit les thèses (pas mêmes les 0, 0001 pour cent qui le devraient...
Cette épreuve donne un diplôme - enfin, un grade - qui est le plus haut au plan international. D'où le fameux "PhD" qu'on voit de plus en plus puisque nous sommes colonisés par l'impérialisme américain (devant lequel nous nous couchons platement). Peut-être que cette colonisation va réveiller un jour les autorités qui pourraient revaloriser le doctorat... On peut rêver.
La thèse sert à cela aussi, à rêver, imaginer, concevoir...
La thèse c'est une recherche nécessairement passionnée, totalement prenante et exclusive de toute autre passion ou activité en vérité. Disons qu'une activité annexe qui montre un peu de pratique est tout de même utile (pour déniaiser le candidat sur la pratique, fût-elle de l'enseignement, et pour qu'il ne devienne pas fou en 24 mois).
Le doctorant a, durant la thèse, une nouvelle mère, une nouvelle soeur, une nouvelle petite amie, une nouvelle famille... c'est la thèse ! Et la thèse est un membre de la famille encombrant. Du candidat elle doit occuper tout son temps, occuper tout son esprit et occuper toutes ses pensées.
Et la vraie famille (famille-famille, famille-copain...) vous le fait sentir :
"oh c'est trop long !", "et tu auras quoi avec ta thèse ?", "bon c'est quand que tu finis d'être étudiant", "tu crois que tu as eu raison de t'engager dans une thèse", "ça fait combien de temps que tu y es ?", "avec une thèse tu gagneras plus ?".
La thèse rend intelligent le candidat, en général pas ses proches... Enfin, la thèse rend aussi idiot l'auteur, persuadé que son sujet va changer le monde et submergé de fiertés mal placées. C'est la vie...
La thèse est un exercice inhumain et, en cela passionnant.
C'est (principalement) un exercice d'écriture pour nombre de disciplines, et souvent de pure écriture (mais on gagne à discuter avec des gens du domaine étudié ou même à les enquêter...) ; on apprend véritablement à écrire avec la thèse. Si l'on n'est pas vaniteux et imbus de sa personne, on refera ce chemin d'apprentissage plusieurs fois dans sa vie professionnelle (cela vaut pour les 5 % dont le métier devient l'écriture). En cessant d'écrire, à l'inverse, au lieu de progresser, on régresse !
Inhumaine thèse... raison pour laquelle nombre d'universitaires ne veulent pas diriger de thèse. C'est une responsabilité écrasante (enfin, elle écrase certains directeurs de thèse...). Inhumaine !
C'est qu'il s'agit d'aller au bout de vos capacités intellectuelles et souvent physiques. Au bout de vos capacités psychiques - tenir bon jusqu'après la soutenance. Certains du reste, franchissant leurs limites, ne s'en remettent pas, on peut dire que la thèse les rend fous ou folles. Y compris parmi ceux qui font une carrière universitaire et qui ont donc fait une bonne recherche.
La thèse est un miroir grossissant pour vos faiblesses et rétrécissant pour vos qualités.
Ce propos est-il radical ? Oui. Parce que tel est le cas. La thèse exclut une vie normale, et ce quel que soit le mode de financement de l'intéressé pendant cette période.
Ceux qui veulent avoir une vie normale pendant la thèse échouent : ou bien ils font une thèse plate et creuse (est-ce possible ?). Réussir sans réussir, oui c'est possible. Dans un monde où l'illusion domine la scène, une très mauvaise thèse peut quand même vous servir.
La thèse est un exercice (d'écriture) difficile, pourquoi ?
La thèse ne semble être que ce mémoire de 80 / 100 pages, à multiplier par 4, pour atteindre 400 pages. Eh bien non, il y a une multiplication des difficultés, à laquelle il faut se confronter. Les 10 ou 12 difficultés du mémoire sont à la puissance 10.
120 difficultés à gérer, ce n'est pas 12 !
Nombre de candidats à la thèse sont obligés de renoncer, ils ne s'en sortent pas. Ils se noient. Dans les auteurs. Dans les décisions de justice. Dans les lois anciennes, nouvelles et futures. Ils se noient en plein coeur de leur plan ou de leurs idées qui les absorbent tout entier comme un trou noir avale les galaxies... Certains s'en sortent mais sans prendre la hauteur utile, à jamais ils raseront les pâquerettes. Si vous n'apprenez pas la hauteur dans ses moments et à l'aide du directeur de thèse, c'est fichu pour vous.
La compassion fera parfois soutenir des thèses très modestes... le système universitaire peut l'admettre et le tolérer, à petite dose. Il n'y a pas besoin de lois, de décrets ou de vote dans l'Université. Seuls les universitaires peuvent parfois accepter, pour l'honneur de tous, qu'un travail très moyen devienne officiellement une thèse. De toute façon, personne ne lit les thèses (pas mêmes les 0, 0001 pour cent qui le devraient...
Cette épreuve donne un diplôme - enfin, un grade - qui est le plus haut au plan international. D'où le fameux "PhD" qu'on voit de plus en plus puisque nous sommes colonisés par l'impérialisme américain (devant lequel nous nous couchons platement). Peut-être que cette colonisation va réveiller un jour les autorités qui pourraient revaloriser le doctorat... On peut rêver.
La thèse sert à cela aussi, à rêver, imaginer, concevoir...
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La thèse de Firmin Oulès, publiée en 1934. Venu du Tarn, avec un fort accent, elle lui permettra d'accéder au professorat et à la chaire d'économie de l'Université de Lausanne.
L'Université de Lausanne cherchait alors un candidat digne du rang international de Walras et de Paretto qui avaient occupé cette chaire.
Firmin Oulès était alors Docteur en droit puisque l'économie relevait des Facultés de droit. Il m'a remis cet exemplaire en 1985, à Lausanne, où il était déjà en retraite.
Il a formé les étudiants suisses à l'économie pendant 40 ans et a fondé ce que l'on a appelé la Nouvelle école de Lausanne. Une thèse, cela peut servir à ça.
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La thèse de Firmin Oulès, publiée en 1934. Venu du Tarn, avec un fort accent, elle lui permettra d'accéder au professorat et à la chaire d'économie de l'Université de Lausanne.
L'Université de Lausanne cherchait alors un candidat digne du rang international de Walras et de Paretto qui avaient occupé cette chaire.
Firmin Oulès était alors Docteur en droit puisque l'économie relevait des Facultés de droit. Il m'a remis cet exemplaire en 1985, à Lausanne, où il était déjà en retraite.
Il a formé les étudiants suisses à l'économie pendant 40 ans et a fondé ce que l'on a appelé la Nouvelle école de Lausanne. Une thèse, cela peut servir à ça.