Etre doctorant aujourd'hui, une tribune par Jacques Comby avec quelques "posts" d'étudiants. Pour un doctorat libre ! Esquisse du droit fondamental de chercher...



Etre doctorant aujourd'hui, une tribune par Jacques Comby avec quelques "posts" d'étudiants. Pour un doctorat libre ! Esquisse du droit fondamental de chercher...
Le doctorat en droit est sans doute comme les études juridiques, cela ne marche pas trop mal (quand on le compare aux autres disciplines). Néanmoins, les difficultés sont grandes pour nombre de doctorants ou de docteurs. Pour le droit, le Barreau est la terre d'accueil principale des docteurs. Environ 140 docteurs sont qualifiés chaque année (section droit privé et droit public), moins en histoire du droit. Mais il y a un peu moins de postes de maîtres de conférences proposés à ces qualifiés (en outre, chaque année, quelques docteurs sont agrégés directement et sont nommés professeur d'université).

Il y a peu de postes dans les emplois de chercheur pur (CNRS ou autre, ou poste d'ingénieur dans les universités). Le doctorat est donc le moyen de se distinguer ce qui par nature donnera des chances d'emplois en entreprise ou en cabinet d'avocat, sans donner un droit à l'emploi. Tous les étudiants le savent.

Le professeur Jacques COMBY, géographe, évoque la situation des doctorants dans cette tribune que j'avais ratée, et on note qu'il vient d'être élu président de l'Université Lyon 3 :

[Cliquez ici pour la lire]urlhttp://www.lemonde.fr/orientation-scolaire/article/2011/10/22/etre-doctorant-aujourd-hui_1590575_1473696.html

Les "posts" des étudiants sont ravageurs et unilatéraux. L'un écrit que son directeur de thèse a jamais rien foutu - on ne doute pas qu'il juge que lui a été un grand travailleur, efficace, génial et assidu - pas plus que son laboratoire de recherche. En tout cas, voilà qui prouve que les doctorants estiment avoir des besoins. Cela nous donne l'occasion d'un point de vue en partie juridique (sur le droit de chercher).

Notre collègue souligne que dans son laboratoire 100 % des doctorants sont financés. On sait que c'est là le rêve des ministères, pouvoir dire que la condition des doctorants est bonne. Oui mais cela signifie que ceux qui ne sont pas financés sont refusés ! Il s'agit alors de leur refuser une inscription en thèse !? La question se pose quand le parcours de l'étudiant a été brillant et qu'il s'est correctement initié à la recherche (notamment en écrivant un mémoire en 2e année de master).

Voilà un curieux versant que les Ecoles doctorales et les équipes ne semblent jamais examiner ! Le refus d'une institution d'inscrire en doctorat

Etre doctorant aujourd'hui, une tribune par Jacques Comby avec quelques "posts" d'étudiants. Pour un doctorat libre ! Esquisse du droit fondamental de chercher...
un étudiant qui le souhaiterait, alors qu'il aurait trouvé un directeur de recherche (1). Or cela est très problématique, la recherche est majoritairement , dans certaines disciplines, un travail individuel.

Seul en 4 ans, un esprit brillant et tenace peut produire une thèse de haut vol qui rénove un point de vue, voire un domaine. Les outils utiles sont dans des bases de données accessibles aisément. En science juridique, on en verra parfois les effets assez vite : les juges utiliseront le raisonnement conduit, le cas échéant pour carrément donner une solution nouvelle ou procéder à un revirement de jurisprudence ; parfois le législateur nuancera une position ou recourra à un mécanisme jusqu'alors délaissé...

D'un autre côté, on entend bien certains doctorants ou docteurs qui en veulent à toute la terre parce que l'Université (prof, labos, doyens, école doctorale, service recherche) ne les a pas aidés. Ils voulaient une rémunération.

Faut-il pour ces cris sacrifier ceux qui aspirent à s'élever et qui le pourraient seuls ?

Du reste est-il légal d'interdire à un professeur d'université de diriger au plus tant de thèses ? La liberté constitutionnelle du chercheur n'inclut-elle pas par nature le droit de diriger des étudiants, soit d'échanger officiellement et de façon transparente en espérant une reconnaissance publique (le grade de docteur...) ?

Quelle est donc cette curieuse limite du droit de chercher que consacrent les institutions de recherche ? Faudra-t-il plaider (chercher) un principe fondamental de la liberté de chercher du chercheur (vous voyez, cher lecteur, le droit n'est pas clair et il faut des recherches pour trouver des solutions...).

Car c'est ce que l'on fait avec un doctorant : on cherche en partie à deux ! Au moins ! ...et souvent avec d'autres collègues avec qui on échange sur ce sujet, le doctorant pouvant le faire aussi (...), et cela même hors d'un labo de recherche !

Il convient donc de ne pas tuer le doctorat au motif de l'exigence d'un statut de doctorant... Il existe les thèses financées et celle qui ne le sont pas. En quoi la différence de régime est-elle insupportable ? Si du moins le financement public est accordé au vu des qualités du candidat au doctorat et de son projet (et non de la position de son directeur de thèse...). Il n'y a aucun rapport entre l'impécuniosité de l'Etat, qui ne peut financer que quelques recherches doctorales, et la liberté de chercher, de faire un doctorat.

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