L'écriture, l'art d'écrire et l'écrit font des nœuds à l'estomac de nombre de personnes. Les romanciers ne sont pas les seuls au bord du trou noir que brosse le verbe écrire. Ici, on invoque le Dieu méthode, pour croire encore en son talent (achever son rapport, son mémoire, sa thèse, son manuel), là on voue aux gémonies ces fichus éditeurs aveugles de son talent.
Sous des airs joueurs et charmeurs, Jean d'Ormesson assassinait tous les truqueurs, imposteurs et médiocres. On l'a dit ici il y a quelques semaines (L'exercice de la pensée).
Tant veulent écrire ! Pour ne rien dire. Ou si peu. Pour paraître ! En cela, l'académicien était aristocratique et élitiste (je crois). Nombre de ceux qui s'entretenaient avec lui en étaient, de ces paradeurs en tous genres. Sa conception de l'excellence, il se l'appliquait à lui-même en disant toutes les pages noircies de sa main malhabile qui étaient passées à la poubelle.
Le professeur, philosophe, écrivain, journaliste, acteur (un peu), écrivain et de nouveau philosophe (Comme un chant d'espérance, 2014) s'interrogeait sur l'écriture. Il exploite le thème de l'écriture à travers l'angoisse et l'allégresse. Il attaque la chose en proclamant "Ecrire est difficile" dans "Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit" (2013 ; réédition en Pocket, en illustration, p. 148 et 151).
Ce chapitre V au titre trop long dit tout : "Où, entre imposture et grâce, l'auteur se transforme en machine à combiner les mots"
L'écrivain reprend et poursuit dans le texte. "Ecrire est une étrange combinaison d'allégresse et d'angoisse".
Et dans son style simple, qui souvent toque en deux ou trois points secs, il continue : "J'ai connu l'allégresse et j'ai connu l'angoisse". Il a été chanceux, talentueux. Travailleur. Moins que d'autres ? Plus que l'immense majorité. Les esprits qui se chauffent à l'idée d'écrire ne connaissent, pour la plupart, que l'angoisse. Même à l'université l'écriture est une plaie pour bien des acteurs autorisés. Ecrire mais quoi ? Pourquoi écrire ? C'est qu'on cacherait volontiers derrière un éditeur, qui a un nom, les creux des idées et du style. Ah ! Si lui pouvait oblitérer cet écrit d'un tampon de validation d'une pensée en crevasse.
Ici ou là, les éditeurs sauvent nombre de pseudo-auteurs, ces flats romans où ça papote dans un français si régulier que tout le monde s'y endort dessus, au non-rythme de ce genre de lignes. Les gens veulent écrire des histoires extraordinaires alors qu'ils n'en ont jamais connue au moins une ordinaire, c'est assez ridicule. Mais il y a des lecteurs divers. Et des éditeurs malins qui vendent du papier, imprimé.
L'écriture, une angoisse. Et parfois, suivons d'Ormesson, une allégresse. Quand ? Quand quelque chose démarre, rarement. Quand quelques pages s'emboitent pour former un tout séduisant. Un truc qui tient debout. Jean d'Ormesson a raison. Mais il parle de l'écriture qui est une pure création, ou du moins une large création. Dans l'écriture scientifique, les répétitions tuent le génie, la pédagogie l'intelligence et l'ordre la créativité et donc la création. La pertinence de la présentation tue l'impertinence de la création, c'est un autre sujet.
Les véritables auteurs éprouvent phrases et mots dans leur chair. Les véritables auteurs, et probablement tous ceux-là. Mais rien que ceux-là. Certains autres, publiés, très lus, riches de mirobolants droits d'auteur, peuvent probablement écrire sans l'étreinte de ce vice. Ils font des bouquins de plage. Les médias en raffolent. Les gens à la plage aussi.
Les autres, les véritables auteurs, connus ou pas, à succès ou sans, amateurs ou professionnels, tous les autres auteurs subissent les mots, les idées et les phrases jusqu'au tréfonds de leur âme. Une phrase peut venir vous subjuguer, là, sur le trottoir. Une idée peut vous réveiller la nuit. Un mot peut tourbillonner dans vos méninges et vous abstraire de l'anniversaire que l'on fête en famille : vous apparaissez soudain si égoïste. C'est que vous pensez écriture.
Dans la solitude de l'être absolu que vous devenez, vous pensez à écrire. Car écrire, et sur ces pages d'Ormesson ne le dit pas, c'est penser. L'écriture est à la fois le moyen et la fin de la pensée.
"Et puis, tout à coup, je m'élevais au-dessus de ma bassesse. Une sorte de grâce m'habitait. Les mots m'arrivaient tout seuls. Ils coulaient de source. Ils ne venaient même pas de moi. Ils venaient d'ailleurs." L'auteur évoque l'allégresse fructueuse. Car il est des allégresses, dans des esprits ordinaires, et sous des plumes trop lourdes, qui ne valent pas chipette. Ces moments-là d'allégresse laissent des pages à brûler : c'est de l'allégresse low cost.
Ce passage est instructif pour la suite, car l'idée de mots d'une origine transcendantale peut ne pas séduire ou convaincre, quoique le sentiment ne puisse, lui, être discuté quand il est honoré par ce style. C'est ce qui suit qui nous semble plus intéressant, moins commun.
Sous des airs joueurs et charmeurs, Jean d'Ormesson assassinait tous les truqueurs, imposteurs et médiocres. On l'a dit ici il y a quelques semaines (L'exercice de la pensée).
Tant veulent écrire ! Pour ne rien dire. Ou si peu. Pour paraître ! En cela, l'académicien était aristocratique et élitiste (je crois). Nombre de ceux qui s'entretenaient avec lui en étaient, de ces paradeurs en tous genres. Sa conception de l'excellence, il se l'appliquait à lui-même en disant toutes les pages noircies de sa main malhabile qui étaient passées à la poubelle.
Le professeur, philosophe, écrivain, journaliste, acteur (un peu), écrivain et de nouveau philosophe (Comme un chant d'espérance, 2014) s'interrogeait sur l'écriture. Il exploite le thème de l'écriture à travers l'angoisse et l'allégresse. Il attaque la chose en proclamant "Ecrire est difficile" dans "Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit" (2013 ; réédition en Pocket, en illustration, p. 148 et 151).
Ce chapitre V au titre trop long dit tout : "Où, entre imposture et grâce, l'auteur se transforme en machine à combiner les mots"
L'écrivain reprend et poursuit dans le texte. "Ecrire est une étrange combinaison d'allégresse et d'angoisse".
Et dans son style simple, qui souvent toque en deux ou trois points secs, il continue : "J'ai connu l'allégresse et j'ai connu l'angoisse". Il a été chanceux, talentueux. Travailleur. Moins que d'autres ? Plus que l'immense majorité. Les esprits qui se chauffent à l'idée d'écrire ne connaissent, pour la plupart, que l'angoisse. Même à l'université l'écriture est une plaie pour bien des acteurs autorisés. Ecrire mais quoi ? Pourquoi écrire ? C'est qu'on cacherait volontiers derrière un éditeur, qui a un nom, les creux des idées et du style. Ah ! Si lui pouvait oblitérer cet écrit d'un tampon de validation d'une pensée en crevasse.
Ici ou là, les éditeurs sauvent nombre de pseudo-auteurs, ces flats romans où ça papote dans un français si régulier que tout le monde s'y endort dessus, au non-rythme de ce genre de lignes. Les gens veulent écrire des histoires extraordinaires alors qu'ils n'en ont jamais connue au moins une ordinaire, c'est assez ridicule. Mais il y a des lecteurs divers. Et des éditeurs malins qui vendent du papier, imprimé.
L'écriture, une angoisse. Et parfois, suivons d'Ormesson, une allégresse. Quand ? Quand quelque chose démarre, rarement. Quand quelques pages s'emboitent pour former un tout séduisant. Un truc qui tient debout. Jean d'Ormesson a raison. Mais il parle de l'écriture qui est une pure création, ou du moins une large création. Dans l'écriture scientifique, les répétitions tuent le génie, la pédagogie l'intelligence et l'ordre la créativité et donc la création. La pertinence de la présentation tue l'impertinence de la création, c'est un autre sujet.
Les véritables auteurs éprouvent phrases et mots dans leur chair. Les véritables auteurs, et probablement tous ceux-là. Mais rien que ceux-là. Certains autres, publiés, très lus, riches de mirobolants droits d'auteur, peuvent probablement écrire sans l'étreinte de ce vice. Ils font des bouquins de plage. Les médias en raffolent. Les gens à la plage aussi.
Les autres, les véritables auteurs, connus ou pas, à succès ou sans, amateurs ou professionnels, tous les autres auteurs subissent les mots, les idées et les phrases jusqu'au tréfonds de leur âme. Une phrase peut venir vous subjuguer, là, sur le trottoir. Une idée peut vous réveiller la nuit. Un mot peut tourbillonner dans vos méninges et vous abstraire de l'anniversaire que l'on fête en famille : vous apparaissez soudain si égoïste. C'est que vous pensez écriture.
Dans la solitude de l'être absolu que vous devenez, vous pensez à écrire. Car écrire, et sur ces pages d'Ormesson ne le dit pas, c'est penser. L'écriture est à la fois le moyen et la fin de la pensée.
"Et puis, tout à coup, je m'élevais au-dessus de ma bassesse. Une sorte de grâce m'habitait. Les mots m'arrivaient tout seuls. Ils coulaient de source. Ils ne venaient même pas de moi. Ils venaient d'ailleurs." L'auteur évoque l'allégresse fructueuse. Car il est des allégresses, dans des esprits ordinaires, et sous des plumes trop lourdes, qui ne valent pas chipette. Ces moments-là d'allégresse laissent des pages à brûler : c'est de l'allégresse low cost.
Ce passage est instructif pour la suite, car l'idée de mots d'une origine transcendantale peut ne pas séduire ou convaincre, quoique le sentiment ne puisse, lui, être discuté quand il est honoré par ce style. C'est ce qui suit qui nous semble plus intéressant, moins commun.
"Ma vie s'est peu à peu confondue avec les mots. J'étais devenu une machine à combiner les mots."
Il poursuit. "Mon bonheur et mes chagrins ne dépendaient pas de ma santé, de l'argent, du temps qu'il faisait, de la marche du monde, de l'opinion que mes semblables semblaient se faire de moi. Ils dépendaient des mots que j'étais capable d'inventer et de ranger dans un ordre dont j'ignorais...".
Tous ces points récitent le miracle et l'ignorance du miracle, ils sont presque classiques - quoique l'animal prétende "inventer" des mots.
La grande idée de ce passage est celle de la métamorphose en machine, moins celle de la confusion avec les mots.
"Ma vie s'est peu à peu confondue avec les mots. J'étais devenu une machine à combiner les mots."
La confusion avec les mots vaut moins que la métamorphose avouée. Que les auteurs soient amoureux des mots au point de se dissiper parmi eux, au fond, cela n'étonne guère. En revanche, que l'auteur, de talent (l'autre on s'en moque), devienne une machine, est plus étonnant. Car la machine n'évoque en rien l'originalité de création, l'intuition miraculeuse ou vue comme telle ou, encore, la main de l'homme. La machine est la machine, voilà tout. Un point de l'industrie. Un moyen de la reproduction. La suite productiviste de la création ! Alors que l'auteur est lui... l'auteur est la création, au moins la créativité !
Là, on ne comprend plus Jean d'Ormesson qui se dit... machine ?! On ne le comprend plus car même sa modestie, profonde ou pas qu'importe, n'explique pas cette description. Ses livres sont encore écrits à la main et au crayon, alors quoi, d'Ormesson ? Jean d'Ormesson une machine à écrire ?!
Il faut comprendre ce qui est dit sans l'être. C'est que l'homme n'a été auteur que par le travail, que par l'abnégation... C'est que l'homme a beaucoup sacrifié à cela, à ce crayon, à ses feuilles. C'est que l'homme a passé son existence à sa table de travail. Il le dit délicatement quand il confesse écrire le dimanche et le soir, s'endormant parfois sur son bureau (C'est une chose étrange à la fin que le monde, Gallimard, p. 268). C'est que l'homme, pour devenir un maître des mots, a dû, en partie au moins, se renier en tant qu'homme. Se durcir pour atteindre une ligne pure. Sa raidir pour enlever tout gras. S'automatiser pour élaborer sa mélodie stylistique.
Au fil du temps, l'homme ayant travaillé comme la machine, l'auteur a ce sentiment d'être machine. Ce pourrait être dit de bien d'autres métiers. L'épicier. Le chirurgien. Le professeur. Le dessinateur. Le boulanger. Marcel Pagnol nous a montré comment Raimu devient le pain, à telle enseigne que lorsque le boulanger est anéanti, après le départ de sa femme, il n'y a plus de pain ! Le travail nous fait machine. Non sans paradoxe. Ainsi survenue, la machine d'Ormesson a fonctionné, vite et bien. Peut-être avec quelques ratées, aurait-il malicieusement dit.
La machine a ainsi envahi l'homme.
Ce faisant, elle a enrichi l'homme. L'a façonné. Mais l'homme a toujours subjugué la machine.
La leçon servie vaut le détour : pour devenir homme devient un peu machine. Voilà pourquoi les fainéants ne sont rien, ou si peu. Voilà pourquoi les incapables sont capables du pire. Qu'ils soient bourgeois obséquieux et vaniteux (d'une belle avenue de Paris) ou petits prolétaires et grossiers (d'une province boueuse), ils sont de la même profonde veine : la vaine veine.
Voilà pourquoi l'idée la plus forte est formulée en une phrase si courte : "J'étais devenu une machine à combiner les mots." Jean d'Ormesson se disait machine, mais il se sentait homme. La phrase dit vrai, mais elle est fausse. La machine obéit à un bouton "marche". Pas l'homme. Ce qui le faisait invoquer plus longuement, dans les lignes précitées, le mystère de la création littéraire en s'interrogeant sur la source de ces mots qui semblaient, parfois au moins, lui couler depuis la main généreuse mais rare de Dieu.
Il se disait machine mais s'écrivait en puissance vivante et sensible de la Création.
Pourquoi ? Parce que les choses sont ainsi !
Peut-être aussi pour que nous passions avec lui un bon moment.
C'était aussi souvent le cas car le romancier parlait, bavardait même ! Parler ? C'est quand ? Parler c'est... Quand les mots ne se posent pas sur la feuille mais volent dans les airs. À l'oral. Jean d'Ormesson parlait. Il a aussi écrit sur "Parler". En trois courts chapitres (Presque rien sur presque tout, Gallimard, 1996, p. 161 ; illustration en poche). L'oral et l'écrit, dont les juristes entretiennent grossièrement, presque vulgairement, la division alors qu'ils sont tellement liés. À preuve : il faudra en reparler (on ne dit pas en "reécrire"). Oui, il faudra en reparler, ce sera "Parler".
Il poursuit. "Mon bonheur et mes chagrins ne dépendaient pas de ma santé, de l'argent, du temps qu'il faisait, de la marche du monde, de l'opinion que mes semblables semblaient se faire de moi. Ils dépendaient des mots que j'étais capable d'inventer et de ranger dans un ordre dont j'ignorais...".
Tous ces points récitent le miracle et l'ignorance du miracle, ils sont presque classiques - quoique l'animal prétende "inventer" des mots.
La grande idée de ce passage est celle de la métamorphose en machine, moins celle de la confusion avec les mots.
"Ma vie s'est peu à peu confondue avec les mots. J'étais devenu une machine à combiner les mots."
La confusion avec les mots vaut moins que la métamorphose avouée. Que les auteurs soient amoureux des mots au point de se dissiper parmi eux, au fond, cela n'étonne guère. En revanche, que l'auteur, de talent (l'autre on s'en moque), devienne une machine, est plus étonnant. Car la machine n'évoque en rien l'originalité de création, l'intuition miraculeuse ou vue comme telle ou, encore, la main de l'homme. La machine est la machine, voilà tout. Un point de l'industrie. Un moyen de la reproduction. La suite productiviste de la création ! Alors que l'auteur est lui... l'auteur est la création, au moins la créativité !
Là, on ne comprend plus Jean d'Ormesson qui se dit... machine ?! On ne le comprend plus car même sa modestie, profonde ou pas qu'importe, n'explique pas cette description. Ses livres sont encore écrits à la main et au crayon, alors quoi, d'Ormesson ? Jean d'Ormesson une machine à écrire ?!
Il faut comprendre ce qui est dit sans l'être. C'est que l'homme n'a été auteur que par le travail, que par l'abnégation... C'est que l'homme a beaucoup sacrifié à cela, à ce crayon, à ses feuilles. C'est que l'homme a passé son existence à sa table de travail. Il le dit délicatement quand il confesse écrire le dimanche et le soir, s'endormant parfois sur son bureau (C'est une chose étrange à la fin que le monde, Gallimard, p. 268). C'est que l'homme, pour devenir un maître des mots, a dû, en partie au moins, se renier en tant qu'homme. Se durcir pour atteindre une ligne pure. Sa raidir pour enlever tout gras. S'automatiser pour élaborer sa mélodie stylistique.
Au fil du temps, l'homme ayant travaillé comme la machine, l'auteur a ce sentiment d'être machine. Ce pourrait être dit de bien d'autres métiers. L'épicier. Le chirurgien. Le professeur. Le dessinateur. Le boulanger. Marcel Pagnol nous a montré comment Raimu devient le pain, à telle enseigne que lorsque le boulanger est anéanti, après le départ de sa femme, il n'y a plus de pain ! Le travail nous fait machine. Non sans paradoxe. Ainsi survenue, la machine d'Ormesson a fonctionné, vite et bien. Peut-être avec quelques ratées, aurait-il malicieusement dit.
La machine a ainsi envahi l'homme.
Ce faisant, elle a enrichi l'homme. L'a façonné. Mais l'homme a toujours subjugué la machine.
La leçon servie vaut le détour : pour devenir homme devient un peu machine. Voilà pourquoi les fainéants ne sont rien, ou si peu. Voilà pourquoi les incapables sont capables du pire. Qu'ils soient bourgeois obséquieux et vaniteux (d'une belle avenue de Paris) ou petits prolétaires et grossiers (d'une province boueuse), ils sont de la même profonde veine : la vaine veine.
Voilà pourquoi l'idée la plus forte est formulée en une phrase si courte : "J'étais devenu une machine à combiner les mots." Jean d'Ormesson se disait machine, mais il se sentait homme. La phrase dit vrai, mais elle est fausse. La machine obéit à un bouton "marche". Pas l'homme. Ce qui le faisait invoquer plus longuement, dans les lignes précitées, le mystère de la création littéraire en s'interrogeant sur la source de ces mots qui semblaient, parfois au moins, lui couler depuis la main généreuse mais rare de Dieu.
Il se disait machine mais s'écrivait en puissance vivante et sensible de la Création.
Pourquoi ? Parce que les choses sont ainsi !
Peut-être aussi pour que nous passions avec lui un bon moment.
C'était aussi souvent le cas car le romancier parlait, bavardait même ! Parler ? C'est quand ? Parler c'est... Quand les mots ne se posent pas sur la feuille mais volent dans les airs. À l'oral. Jean d'Ormesson parlait. Il a aussi écrit sur "Parler". En trois courts chapitres (Presque rien sur presque tout, Gallimard, 1996, p. 161 ; illustration en poche). L'oral et l'écrit, dont les juristes entretiennent grossièrement, presque vulgairement, la division alors qu'ils sont tellement liés. À preuve : il faudra en reparler (on ne dit pas en "reécrire"). Oui, il faudra en reparler, ce sera "Parler".