Un décret inventera la "promotion interne" pour permettre aux maîtres de conférences (MCF) de devenir professeurs d'université (PU).



La promotion interne n'existe pas entre les deux principaux corps de l'enseignement supérieur et de la recherche. Devenir professeur d'université exige toujours de passer un concours national, fût-il organisé dans un établissement public qui semble local. Une Université est un établissement gouverné par des règles nationales dans l'intérêt général.


https://www.hervecausse.info/Devenir-professeur-d-universite-sans-concours-mais-par-promotion-interne repyramidage-decret-n-2021-1722-du-20 décembre 2020

Le débat sur la qualification des docteurs, qui a fait rage ces derniers mois, illustre cet état de deux corps nationaux, celui des MCF et celui des PU (acronymes peu élégants mais d'usage). L'information sur ce décret en herbe est donnée, avec le projet de texte, par un tweet d'un groupe d'universitaires.

Un tweet avec le projet de décret

La présente note ne commente pas ce projet de décret mais propose une simple réaction.

Pour devenir MCF ou PU, les docteurs devaient jusqu'alors obtenir une qualification nationale, valable pour candidater sur tous les postes mis au concours par une Université française (dans sa section disciplinaire, droit ou gestion, histoire ou psychologie...). La qualification des PU, hors le système de l'agrégation spécifique à quelques disciplines, s'obtenait après une HDR (habilitation à diriger les recherches), le diplôme le plus haut délivré par les universités (dont l'esprit clair offre une lettre qui permet divers abus... des travaux très modestes permettant aujourd'hui d'obtenir cette HDR - un autre sujet, enfin...).

Les deux corps de MCF et PU collaborent dans les établissements et organismes nationaux (comme le CNU) sur tous les plans. Il sont soumis à un décret commun, de 1984, qui les unit dans les "enseignants-chercheurs", catégorie qu'il institue ; ce décret prévoit cependant les dispositions spécifiques aux deux corps.

La qualification nationale, celle de MCF comme celle de PU, a été le pilier pour lutter contre le localisme, soit le fait de privilégier, les amitiés personnelles, syndicales, politiques, économiques ou autres (...)*. La qualification donnée ne suffisait pas, il fallait qu'un comité de sélection (de recrutement), avant ou après, vous classe parmi (généralement) les 5 meilleurs candidats.

Le recrutement est, au vu de ce classement et de la qualification, réalisé par le conseil de l'université qui représente l'employeur (l'université, laquelle est financée à 90 % par l'Etat).

Comme tout système, ce système a ses défauts, et notamment celui de ne pas pouvoir empêcher le localisme (sauf quand une discipline a pour religion de ne jamais recruter un local... un ange passe). Un candidat bien meilleur que le candidat local est ainsi souvent écarté parce que l'on ne connaît pas le candidat qui a étudié à 300 km, parfois à 150 ! Le biais du localisme est ahurissant ! Le "localisme parisien" peut aussi jouer dans les instances nationales (les sections du CNU) où les établissement parisiens pèsent plus, en eux-mêmes et par leurs réseaux, que la plus importante des universités de province.

Toutefois, l'un dans l'autre, le contrôle national motivait avant la thèse, pendant la thèse et après. La carrière des universitaires ne passait pas par le bureau du directeur de composante (ou doyen) ou du président d'université qui, de fait, ont la main sur les comités de sélection. Ni par l'entretien de relations diverses...

Le premier critère de recrutement des enseignants-chercheurs doit être la qualité scientifique du candidat (qui passe par l'appréciation de 5 ou 7 points)** et non par les amitiés diverses et variées - et la capacité de certains à toujours pleurnicher, se courber et réclamer. L'idée d'une promotion interne, après la disparition de la qualification du CNU, tend à limiter la dimension scientifique dans les recrutements. rien n'est jamais sûr, certes.

C'est sans doute une mauvaise chose pour un effet d'annonce politique d'empathie à l'égard des MCF. Le profit politique immédiat tue à terme la politique. Mais rien n'est certain, des Universités pourront aussi bien se gérer ! On va voir si les universitaires indépendants et reconnus comme tels sont invités dans les comités de sélection ! Le tirage au sort parmi tous les spécialistes du pays serait une technique !

Songez. Lorsque vous vous faites opérer du coeur, vous espérez que le professeur du CHU qui vous opère, et qui dirige le service, a été recruté pour ses qualités de médecin, et non parce qu'il faisait de l'entrisme auprès des collègues qui dirigent tel département de telle université.

Vous voyez (cher public non averti), les choses sont très simples.

Trop sans doute.

Probablement qu'une page se tourne.






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* Clubs, réseaux, associations et confréries sont multiples qui animent les membre de certaines communautés parfois plus fortement que le sentiment républicain, même lorsque certaines officines affichent leur défense de la République et des inénarrables "valeurs républicaines".

** On en fera une autre note de blog si besoin est.


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